Le personnel soignant exposé directement aux catastrophes

Le COVID a touché plus de 3.315 médecins et infirmiers

Au lieu d’améliorer leurs conditions de travail qui sont catastrophiques au moment où l’épidémie s’aggrave, le ministère de la santé offre au personnel soignant, en cas d’infection par le Covid-19, une prise en charge dans les hôpitaux publics ou les cliniques privées. Une mesure banale et potentiellement insuffisante.

Le personnel médical est incontestablement le plus exposé au Covid-19. Un risque majeur qui a fortement augmenté ces derniers mois avec la flambée de la pandémie. Selon les chiffres officiels rendus publics par le ministère de la santé, plus de 3.315 médecins et infirmiers ont été contaminés et plus de 15 en sont morts.

Un bilan qui paraît lourd mais qui pourrait ne pas correspondre à la réalité vécue au quotidien vu la situation sanitaire catastrophique dans laquelle se trouvent nos hôpitaux publics. Beaucoup, dans les syndicats et les organisations de défense de la profession, estiment que le bilan est probablement plus important que cela. Les médecins et les infirmiers du secteur public font face à une aggravation continue de leurs conditions de travail.

Risque de décès
A la hausse des contaminations s’ajoute la dégradation de la situation sanitaire dans les hôpitaux. Les services de réanimation et de soins intensifs sont débordés, notamment à Casablanca. Une situation de détresse s’empare du personnel médical. Manque de masques chirurgicaux de type FFP2, absence de repos, manque de respirateurs et de lits de réanimation, les médecins crient haut et fort à la catastrophe.

D’où probablement le risque de décès qui a énormément augmenté ces dernières semaines dans la métropole économique. Le ministère de la santé avait promis un renforcement des moyens et une meilleure protection du personnel médical. Mais jusqu’à aujourd’hui, peu de choses sont réalisées. Sur le deuxième volet, les médecins sont livrés à eux-mêmes avec un système de santé publique qui s’est littéralement effondré.

Il y a eu certes une implication récente des cliniques privées pour la prise en charge des malades atteints du Covid-19 pour alléger la pression sur les hôpitaux publics, mais malheureusement cette ouverture sur le privé s’est révélée une aubaine inespérée pour les cliniques privées pour se faire de l’argent. D’où la récente sortie du ministre de la santé, Khalid Aït Taleb, pour recadrer ces cliniques et les appeler à s’associer à l’élaboration d’une nomenclature tarifaire unique.

Pour dénoncer leurs conditions de travail, les médecins du secteur public ont observé les 5 et 6 novembre 2020 une grève générale qui n’a pas concerné les services de réanimation et les urgences. Un mouvement qui, hélas, n’a pas connu un grand succès vu que le ministre de la santé est demeuré sourd à leurs doléances. La tutelle leur propose, en revanche, en cas d’infection par le Covid-19, une prise en charge totale dans les hôpitaux publics ou les cliniques privées. Une mesure banale et potentiellement insuffisante puisqu’il s’agit d’une action ordinaire que tous les pays offrent à leur personnel soignant.

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