Le dispositif militaro-sécuritaire algérien s’est révélé être un géant aux pieds d’argile. Cette crise de renseignements a déstabilisé la mythique puissante institution militaire.
C’est une grande opération de remue-ménage au sein de l’institution militaire algérienne, considérée comme “faiseuse de présidents”, qui cache mal la panne du système. Si la muette a souvent lavé son linge sale en famille, elle l’a fait, cette foisci, en public. Y a-t-elle été obligée? Venons- en aux faits. Samedi 14 mai 2022, le Général de corps d’armée Saïd Chengriha a officiellement désigné le général-major, Djamel Kehal Medjdoub, à la tête du renseignement extérieur algérien.
Lauréat de l’école “publique” d’Alger du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) et de l’Académie des renseignements extérieurs du FSB russe, le général Medjdoub, qui succède au général Nour-Eddine Mekri, relevé de ses fonctions pour “faits graves”, est un pur produit de l’école du tristement célèbre général Taoufik.
Saïd Chengriha a ensuite ordonné aux cadres de ladite direction de “travailler sous son autorité et d’exécuter ses ordres et ses instructions”. Cette expression recèle un postulat selon lequel le général Noureddine Mekri fournissait des renseignements peu ou pas du tout fiables à son supérieur. Ce qui explique les échecs et les fiascos de l’Algérie. Le renseignement est le nerf de la guerre.
L’establishment algérien n’arrive toujours pas à digérer la nouvelle position du gouvernement de Pedro Sanchez relative au dossier du Sahara marocain. Car ses services de renseignements extérieurs n’ont pas réussi à s’informer à temps de l’intention du président de gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, d’envoyer une lettre au Roi Mohammed VI pour lui annoncer la nouvelle position de Madrid par rapport au dossier du Sahara marocain.
L’on se demande si le rappel de l’ambassadeur algérien à Madrid n’est pas une sanction déguisée à son encontre et à l’encontre du service de renseignements rattaché dans ce pays! L’appareil des renseignements extérieurs a été même incapable d’analyser les signes avant-coureurs du déclenchement de la guerre en Ukraine, alors que la plupart de leurs “confrères” étrangers savaient déjà ce qui se préparait à la frontière ukrainienne et des desseins de Vladimir Poutine.
Et même après le début du conflit armé, les faux renseignements qui remontaient au sommet de l’Etat algérien ont fini par orienter les décisions prises, particulièrement celle liée au chantage gazier fait à l’Europe en général et à l’Espagne en particulier. Finalement, l’Algérie s’est tiré une balle dans le pied puisque l’Espagne n’a pas cédé au chantage. Mieux, cette dernière a eu le plein soutien des Etats-Unis, qui ont fourni du gaz à son allié ibérique, réduisant ainsi de moitié les exportations algériennes vers l’Espagne.
En cessant l’approvisionnement du Maroc via le gazoduc Maghreb-Europe, les renseignements algériens avaient cru, dur comme fer, que cela allait mettre à genoux le Royaume et son économie. Or, non seulement ils se trompaient sur toute la ligne, mais en plus de cela ils n’étaient pas informés des négociations en cours entre Rabat et Madrid pour l’acheminement du gaz traité dans les ports espagnols au Maroc, empruntant le même gazoduc Maghreb-Europe.
Et même quand on remonte un peu dans le temps, les services de renseignements algériens, connus pour être très actifs aux Etats-Unis, ont été les derniers à apprendre la Proclamation de l’administration américaine reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara (décembre 2020). Finalement, le dispositif militaro-sécuritaire algérien s’est révélé être un géant aux pieds d’argile. Cette crise de renseignements a déstabilisé la mythique puissante institution militaire. Cette panne du système de renseignement algérien a justifié le limogeage de plusieurs hauts gradés de l’armée et l’isolement de l’Algérie sur l’échiquier politique international.