Pour espérer retrouver son lustre, le parti de la lampe essaie de reprendre sa posture islamiste traditionnelle. Au vu de ses états de service gouvernementaux, pas sûr que cela puisse toutefois convaincre.
Un hourvari amusé, voilà ce à quoi a eu droit le député PJD (Parti de la justice et du développement) Abdessamad Haiker au moment de faire profession, ce lundi 29 novembre 2021 à la tribune de la Chambre des représentants, du soi-disant “refus” de son parti de “toutes les formes de normalisation avec l’entité sioniste”, c’est-à-dire Israël. Car c’est, rappelons-le, sous le gouvernement PJD de Saâd Eddine El Othmani que le Maroc avait procédé, le 22 décembre 2020, au rétablissement de ses relations avec l’État hébreu, quelque vingt ans après les avoir rompues sur fond de deuxième intifada palestinienne.
Dans son costume d’opposant à ces relations, agrémenté d’ailleurs, littéralement, d’une keffieh bon teint, M. Haiker était, pour ainsi dire, loin d’être crédible, et il était évident que son objectif était surtout d’essayer de marquer des points face au Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, qui se trouvait en même temps à la première chambre pour répondre aux questions orales de ses élus.
Opposition à la normalisation
Chahuté près d’une minute durant, le député a finalement fini par changer de sujet. Son intervention semble toutefois annonciatrice de ce que devrait constituer, au cours des cinq années qui nous séparent, en principe, des prochaines législatives, le discours du PJD face à la majorité qui comprend actuellement le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Parti authenticité et modernité (PAM) et le Parti de l’Istiqlal (PI); c’est-à-dire une phraséologie très marquée par les thèmes généralement chers à la mouvance islamiste, tels justement la cause palestinienne, quitte donc à se contredire.
Réuni le même jour pour sa réunion hebdomadaire, le secrétariat général du parti a d’ailleurs lui aussi évoqué le sujet et “soulign[ é]”, dans un communiqué publié dans la foulée, “la position de principe du parti qui soutient la juste cause du peuple palestinien, refuse l’occupation et condamne les divers crimes que commet l’entité sioniste contre le peuple palestinien et les lieux saints”.
En outre, il a mis “en garde contre le danger de la pénétration sioniste sur notre pays” et “appel[é] les autorités publiques à ne pas restreindre les différentes expressions populaires de soutien à la cause palestinienne, d’opposition à la normalisation et de refus de l’occupation sioniste”.
Similairement à ce qui s’est passé avec M. Haiker au parlement, cette posture anti- israélienne n’a cependant pas vraiment semblé convaincre et a même été taxée d’“hypocrite” sur les réseaux sociaux. Un long chemin de croix attend sans doute encore le PJD avant qu’il ne puisse peut-être espérer un jour retrouver son lustre.