Les ouvriers agricoles souffrent en silence

Circulez, il n’y a rien à voir !

Les droits élémentaires des ouvriers agricoles sont bafoués, face au silence complice du gouvernement qui ne fait rien pour changer la donne. Dans un énième plaidoyer, le Syndicat national des ouvriers agricoles revient sur les souffrances de cette population marginalisée.

Dans un énième plaidoyer, le Syndicat national des ouvriers agricoles (SNOA), affilié à la Fédération nationale du secteur agricole, dresse un tableau noir du vécu des 1,2 million d’ouvriers agricoles, bafoués dans leurs droits les plus minimes, pourtant l’un des maillons essentiels de ce secteur défiscalisé qui génère des dizaines de milliards de dirhams de revenus chaque année.

En période Covid-19, «nous avons observé un recours important aux licenciements massifs et individuels des ouvrières et ouvriers sous prétexte de la crise provoquée par le coronavirus, ce qui va à l’encontre des rapports officiels qui reconnaissent que l’agriculture a énormément profité de la pandémie, notamment pour les exportations agricoles», souligne le syndicat. Salaires bas, absence de couverture médicale ou de retraite, licenciements abusifs, non-respect du Code du travail, des conditions de travail inhumaines parfois, la liste est longue des abus et manquements, recense le syndicat.

La majorité écrasante des ouvriers agricoles n’ont pas pu profiter des indemnités pour arrêt temporaire du travail de 2.000 dirhams par mois, vu que presque tous ne sont pas ne déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Concernant le salaire, le syndicat demande au gouvernement de mettre fin à cette discrimination en matière de salaire et de durée quotidienne du travail. «Malgré l’engagement du gouvernement et du patronat, le 26 avril 2011, pour égaliser le SMAG au SMIG, qui dépasse le premier de 35%, rien n’a encore été fait». Le syndicat regrette le non-respect de cet engagement, «ce qui prouve le grand mépris de la part du gouvernement et du patronat des résultats du dialogue social et des règles de la négociation sociale», souligne-t-il.

Accidents mortels Autre tendance qui prend de l’ampleur, le recours à l’emploi temporaire, sous prétexte du caractère saisonnier de l’activité agricole. «Ceci alors qu’il existe beaucoup d’activités agricoles permanentes. Nous avons recensé beaucoup d’ouvriers travaillant dans un poste dit temporaire chez le même employeur pendant plus de dix ans et même plus de trente ans dans de nombreux cas», indique le syndicat.

Dans le même registre de précarité, les accidents de circulation mortels d’ouvriers entassés dans des moyens de transport indignes, au vu et au su des autorités, n’a pourtant pas incité le gouvernement à sévir contre ces pratiques dignes de la traite des êtres humains. De même, l’utilisation généralisée des produits chimiques dans le traitement des cultures et l’absence de contrôle contre l’utilisation de pesticides interdits et périmés, entraîne des incidences dramatiques sur la santé et la sécurité des travailleurs agricoles et celles des consommateurs.

Les ouvriers agricoles marocains vivent un quotidien fait de discrimination et de précarité. Une situation qui s’aggrave à cause d’un gouvernement complice qui fait la sourde oreille et de quelques exploitants agricoles avides qui s’enrichissent grâce à un des secteurs les plus rentiers. Circulez, il n’y a rien à voir !.

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