Oumaya Naamane Guessous: Le taux de divorce au Maroc est normal


Oumaya Naamane Guessous

Que pensez-vous du chiffre avancé par l’associaion Chaml concernant le nombre de cas de divorce, qui s’élèverait à 277 par jour?
D’abord, je reste sceptique par rapport aux chiffres. C’est certes un chiffre vendeur pour attiser la curiosité de tout un chacun, mais il faut rester prudent et ne pas alarmer les Marocains. Je me fierais plutôt au pourcentage ayant trait aux cas de divorce s’il est en un. Mais d’après le dernier chiffre du HCP, qui me paraît plus crédible, il est de 12%. Rien d’alarmant car il correspond à peu près à la norme mondiale. Donc non, il n’y a pas plus de cas de divorces au Maroc qu’ailleurs. Certes, si l’on exprime ce chiffre en jour il peut paraître important. Mais on est dans une société qui évolue, le nombre de divorce va en augmentant, et je pense qu’il est appelé à être plus lourd dans les années à venir.

En quoi la société d’aujourd’hui est différence de celle d’hier? Pourquoi encourage- t-elle le divorce?
Si tel est le cas, c’est qu’il y a une conscientisation par rapport au statut de la femme en tant que telle, une émancipation donc de la femme doublée d’une indépendance morale et financière qui fait à ce qu’elle n’accepte plus le joug qui pesait sur la femme d’avant. Une femme à la merci de son homme, condamnée à rester sous sa prise pour assurer son vivre et son couvert. Aussi, sur le plan moral, il n’était pas de bonne grâce qu’une femme divorce. La divorcée a longtemps porté une image dégradante. Considérée comme un danger pour les autres, pour le dit équilibre de la société. Ce n’est désormais plus le cas. Ou bien, disons que le cas est moins prenant. Les femmes d’aujourd’hui s’assument. Elles ont choisi leurs libertés et font fi des on dit.

Donc nous sommes plutôt en présence d’une société qui tend de plus en plus pour l’individualisme?
Oui. Je vais vous dire. Si le divorce d’avant se faisait plus difficilement que dans les temps courants, c’est que la mariage était plutôt une affaire de familles plutôt qu’une affaire d’individus. Les jeunes d’aujourd’hui sont plus à même de porter le choix qu’il jugent bon sur tel ou tel compagnon de vie. Le poids des traditions a moins d’emprise sur eux que dans les temps éculés. Donc, oui pour une société de plus en plus individualiste, mais je pense que le mariage demeurera chose sacrée, qui a lieu d’être dans une société qui se veut bien portante. Le concubinage étant interdit par la loi, le mariage reste une constante.

Est-ce que de la même façon que le regard porté sur la femme divorcée a changé, il en va de même pour les enfants issus d’un divorce?
D’abord, il faut savoir qu’un enfant a besoin de sécurité. Un enfant dont les parents divorcent connaît un choc affectif. Chose à ne pas mésestimer. Dans ce cas, un suivi est de rigueur. Pour ce qui est du regard de la société porté sur l’enfant issu d’un ménage éclaté, il a certes changé. Il peut toujours être hélé, comme il a pu l’être, «fils ou fille de la divorcée», mais la marche de la société permet de mieux intégrer de tels cas, de mieux les digérer. Nous sommes en phase d’une société nouvelle!

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