Les oubliés du Haut-Atlas

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LES VILLAGEOIS DE LA COMMUNE DE TOUBKAL LUTTENT CONTRE L’ISOLEMENT AU QUOTIDIEN


Un peu plus de 90 enfants, âgés  entre 10 et 13 ans, originaires  des 44 douars de la commune  de Toubkal du Haut-Atlas, située  à 200 km de la ville de Taroudant  à une altitude de 2.500 mètres au dessus  du niveau de la mer, ont abandonné  l’école, au milieu de la saison, faute  de moyens de transport. Issus de familles  démunies, ils ne peuvent se payer  le «luxe» offert par des transporteurs  clandestins pour aller au collège le plus  proche dans la commune de Tifnout, loin  de 20 km. Les chutes de neige tardives,  en cette fin de saison hivernale et début  de saison printannière, ont anéanti tout  espoir de faire la traversée à bord des  «taxis de fortune».

«Le seul collège de la région est situé  dans la commune Tifnout, à 20 km de la  commune Toubkal. La capacité d’accueil  de son internat est de 100 places pour  les deux communes. Le gros des élèves  finit par abandonner l’école», confie Abdelah  Ettaqoua, acteur associatif et président  de la fédération des associations  de la commune Toubkal. Le haut-Atlas,  constitué de massifs montagneux, subit  de fréquentes intempéries (gel, neige)  qui s’étendent du mois de novembre  à avril. Ces oubliés du Haut-Atlas sont  privés de tout. La neige et le froid les  obligent à rester cloîtrés chez eux pendant  plusieurs jours parfois. L’alimentation  devient alors rare, économisée  jusqu’à ce que les routes, coupées par la  neige, redeviennent praticables.

Pour un pont flottant
Dans le domaine de la santé, le dispensaire  le plus proche (entre 20 et 25  km!), dans la commune de Tifnout, n’est  pas équipé. Aucun médecin n’assure la  permanence, pas de sage-femme. Il n’y  a qu’un seul infirmer pour «soigner»  10.000 habitants. «Lorsqu’il neige ou  pleut, les accès aux douars de la commune  sont coupés. Et même en temps  normal, en cas de complication de la  santé d’une femme enceinte, il faut  entre deux et trois heures à l’ambulance  de la commune pour parcourir le chemin  périlleux (virages dangereux) menant au  dispensaire le plus proche, de la petite  ville d’Ouziwa et plus de 5 heures pour  arriver à l’hôpital de Taroudant», se désole-  t-il.

Côté sécurité, la souffrance des habitants  de la commune est encore plus  grande. Le poste de gendarmerie le plus  proche est situé à 140 km, à Taliouine. La  misère, l’enclavement et les difficultés  climatiques encerclent les habitants des  douars pendant toute l’année, encore  davantage pendant la saison hivernale.  Les associations locales ne disposent  pas de beaucoup de moyens pour agir.  Leurs actions limitées sont financées par  des membres honorifiques, souvent des  hommes d’affaires originaires de la commune.

Driss Bouiddine, membre honorifique de  la fédération des associations de Toubkal,  assure qu’il reste tout à faire pour  briser l’isolement des habitants de la  région. «Nous cherchons à construire  un pont flottant sur Oued Souss pour  permettre aux habitants de traverser  pendant les chutes de neige et les crues  du Oued. Ce que nous souhaitons, c’est  l’adhésion et l’aide des autorités», souligne-  t-il.

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