Envolée inquiétante des prix des produits agricoles

Cherté des produits agricoles : Mais où vont donc nos fruits et nos légumes ?


Sécheresse, pénurie d’eau, virus, plantations détruites… Tout pour justifier la hausse effrénée des prix des légumes et fruits sur le marché national. Des arguments que des statistiques d’organismes européens contredisent, évoquant une augmentation des exportations vers le marché de l’UE.

Depuis quelques semaines, la hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires, particulièrement des légumes et fruits, est devenue fort préoccupante, réduisant comme une peau de chagrin le pouvoir d’achat d’une large frange de la population marocaine. Un tour dans un des marchés de détail de la capitale économique, Casablanca, suffit pour se faire une idée de cette inflation galopante qui concerne tous les légumes et les fruits, sans exception aucune. Les tomates, seules, font rougir les consommateurs.

Actuellement, le kilo de tomates (ou de pommes de terre) se vend à 15 dirhams, tandis que celui de courgettes coûte 25 dirhams. Les oignons, qui ne dépassaient pas 4 ou 5 dirhams le kilo, ont franchi la barre de 12 et 13 dirhams. Les poivrons verts sont à 15 dhs/ kg, ceux rouges ou jaunes à 25. La “température élevée” des prix fruits s’est transmise aux fruits. La banane locale est vendue à 18 dhs/ kg, la pomme et la poire à 25, la mandarine à 25, l’avocat à 40… Somme toute, des prix insoutenables qui poussent nombre de ménages à diminuer leur consommation habituelle. Contacté par Maroc Hebdo, le président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de la production et de l’exportation de fruits et légumes (FIFEL), Lahoucine Aderdour, a affirmé que les prix des fruits et des légumes continueront encore à monter en flèche durant deux à trois semaines avant de revenir relativement à la baisse. “Nous traversons une période creuse où l’offre est inférieure à la demande.


Dommages considérables
Ces augmentations de prix sont liées aux conditions climatiques exceptionnelles qui ont touché le pays vers la mi-août 2023, avec des températures atteignant 53 degrés, sans parler de certains virus, causant ainsi des dommages considérables aux cultures, notamment dans la région de Souss-Massa où 80% des plantations de légumes ont été sérieusement endommagées”, confie-t-il. M. Aderdour cite également la région de Doukkala, où les plantations de tomates et de pomme de terre ont subi de sérieux dégâts. Un producteur de la région de Souss-Massa nous explique que le problème de la rareté de l’eau préoccupe beaucoup les producteurs et limite les surfaces disponibles pour la culture des légumes. Il ajoute qu’à la pénurie d’eau se greffe une canicule sans précédent. Les températures sous les serres ont atteint plus de 70 degrés le jour et 45 degrés la nuit pendant trois jours en août 2023. Cela a coïncidé avec la période de plantation de plusieurs primeurs, comme les tomates, les poivrons et les courgettes.

Les cultures de certaines catégories de fruits dans cette région a aussi été derrière le tarissement des ressources d’eau souterraine. Les puits ont atteint des profondeurs de plus de 300 mètres dans la région de Souss-Massa, et creuser un puits est devenu un risque financier car les producteurs ne sont pas sûrs d’atteindre l’eau. Bref, la flambée actuelle des prix est un fait. Elle n’est pas liée à l’exportation, assure M. Aderdour, qui dit que la production est insuffisante pour satisfaire la demande locale, en particulier pour les tomates. Sauf qu’une nouvelle donne vient brouiller en partie ces arguments.

Des statistiques officielles d’organismes européens révèlent que le Maroc a augmenté ses exportations de tomates année après année. Ses exportations vers le marché européen, selon les données de la Direction générale des impôts (DGI) et de l’union douanière de l’Union européenne (UE), ont atteint. Quelque 668.000 tonnes entre janvier et juillet 2023. Un chiffre parlant. La sécheresse, la pénurie d’eau et les virus ont apparemment impacté la production, mais pas le marché à l’export. C’est donc tout l’argument lié à la loi de l’offre et de la demande qui est remis en cause.

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