
Si le rapport est volumineux et touche plusieurs sphères de la gouvernance publique, les comptes de certaines entreprises d’Etat ont été passés au crible. Plusieurs failles ont été, ainsi, relevées dans la gestion de ces entreprises importantes
Un nouveau rapport de la Cour des comptes vient d’être rendu public, le lundi 24 avril 2017. Entreprises publiques, collectivités locales, programmes d’Etat et quelques départements ministériels ont été passés au peigne fin par les experts de cette cour que préside l’ancien Premier ministre, Driss Jettou. Si ce rapport passe souvent inaperçu sur la scène publique, il avait été, dans certains cas, à l’origine de nombreuses affaires judiciaires.
La plus emblématique d’entre elle fut incontestablement l’affaire ONDA, dont le feuilleton judiciaire a été particulièrement long pour les anciens dirigeants de l’office. Pour l’édition 2015, le rapport de la Cour des comptes apporte des éléments développés sur la gestion de certaines entreprises publiques.
De sérieuses irrégularités
L’attention, en 2015, a été focalisée sur l’Office national des Chemins de fer (ONCF), le groupe Barid Al Maghrib et le pôle audiovisuel public avec ses deux sociétés principales (SNRT et SOREAD). Etablissement public chargé d’entretenir et de développer les chemins de fer, l’ONCF, dirigé par Mohamed Rabie Khlie, s’illustre, certes, ces derniers temps, par des actions importantes telles le lancement du train à grande vitesse (TGV), dont l’inauguration officielle est prévue fin 2018, mais il n’en demeure pas moins que la gestion de l’office est entachée, selon les experts de la Cour des comptes, par de nombreuses irrégularités plus ou moins sérieuses.
Le doigt a été particulièrement mis sur la gestion de l’infrastructure et les équipements ferroviaires. Les experts de la Cour des comptes relèvent, ainsi, une faible informatisation de la gestion de l’infrastructure et une insuffisance de traçabilité des contrôles de proximité. Concernant le parc roulant, c’est-à-dire les trains pour voyageurs, il est décrit comme hétérogène et en grande partie ancien.
Vétusté et absence de stratégie
Une part significative du programme annuel de maintenance de ce parc n’est pas exécutée. Ce qui rend les trains moins performants et beaucoup moins confortables. La Cour des comptes pointe aussi du doigt certaines cessions réalisées sans avoir recours à la procédure d’appel d’offres. D’où une incidence significative sur l’évaluation des actifs de l’office public. Mais l’élément le plus nuisible à la santé financière de l’ONCF reste le fort endettement dont il souffre. Ainsi, en 2015, cet endettement s’élève à 32 milliards de dirhams. De quoi hypothéquer sérieusement son avenir.
Si les chemins de fer pâtissent globalement de leur vétusté et l’absence d’une stratégie ambitieuse de leur développement, les services postaux, eux, connaissant, une croissance fulgurante. C’est ce que constate la Cour des comptes dans son rapport à propos du groupe Barid Al Maghrib que dirige Mohamed Amine Benjelloun.
Carences de fonctionnement
Durant la période 2010-2014, le chiffre d’affaires du groupe a connu un changement significatif qui se manifeste au niveau de la diversification des activités du groupe et la montée en puissance des services financiers. Ces derniers constituent un véritable relais de croissance pour le groupe. Ils représentent, en fait, plus de 54% du chiffre total du groupe en 2014, contre 36% en 2010.
En revanche, certaines opérations de croissance externe réalisées par le groupe postal n’ont pas été totalement bénéfiques. Il s’agit notamment du rachat de la SDTM en 2013 pour la bagatelle de 103 millions de dirhams. Une opération dont les synergies promises sont restées limitées. Pour l’activité bancaire, l’analyse de la structure du produit net bancaire (PNB) fait ressortir la prédominance des activités de placement au détriment des activités de crédit à la clientèle.
Au niveau de la gouvernance du groupe, des carences persistent encore dans les modes de fonctionnement du conseil d’administration et de ses comités, ainsi que dans le contrôle interne et le contrôle de gestion. De plus, les experts de la Cour des comptes constatent qu’un retard significatif a été enregistré dans l’assainissement de la situation juridique du patrimoine immobilier du groupe. Des failles non négligeables susceptibles de freiner le développement économique et commercial de Barid Al Maghrib.