L'OMS n'a pas eu les coudées franches pour enquêter en Chine

Rapport de la mission d’experts sur les origines du Covid 19

L’hypothèse de la transmission du Covid-19 à l’homme par un animal intermédiaire est la plus probable, indique un nouveau rapport d’une mission internationale, dirigée par l’OMS, qui a séjourné à Wuhan. Des résultats similaires à ceux déjà annoncés le 9 février 2021.

Rien de nouveau sous le soleil. On pourrait ainsi résumer les conclusions de l’étude que vient de publier la mission internationale chargée d’enquêter sur les origines du Covid-19, après un séjour de quatre semaines à Wuhan. Selon ces experts de l’OMS et de la Chine, la transmission du Covid-19 à l’homme par un animal intermédiaire est une hypothèse «probable à très probable», balayant d’un revers de la main celle de la fuite du virus d’un laboratoire qu’ils jugent «extrêmement improbable». Des résultats similaires à ceux déjà annoncés le 9 février dernier, et qui avaient suscité une vive polémique sur la scène internationale.

Dans leur rapport, ces scientifiques privilégient la théorie de la transmission naturelle du virus aux humains par le biais d’un animal réservoir, qui serait probablement la chauve-souris, par l’intermédiaire d’un autre animal qui n’a pas encore été identifié. Ils estiment aussi l’hypothèse de la transmission directe via l’animal réservoir «possible à probable». Autre piste évoquée, la transmission par de la viande surgelée, une théorie privilégiée par la Chine.

La mission recommande de poursuivre les enquêtes sur la base de ces trois hypothèses. Par ailleurs, le rapport révèle également que «des éléments de preuves de la présence d’animaux infectés» n’ont pas été trouvés dans la chaîne d’approvisionnement du marché de Huanan, l’un des principaux de Wuhan. Toutefois, précise-t-il, «l’analyse des chaînes d’approvisionnement a fourni des informations» utiles pour des études de suivi ciblées, particulièrement dans les régions voisines.

«Compte tenu de la littérature sur le rôle des animaux d’élevage en tant qu’hôtes intermédiaires pour les maladies émergentes, il est nécessaire de réaliser d’autres enquêtes incluant une plus grandes étendue géographique», indiquent ces experts.

Réaliser de nouvelles enquêtes
Leurs conclusions laissent tout de même perplexes bon nombre de spécialistes qui considèrent qu’ils n’ont pas eu une marge de manoeuvre pour travailler librement durant leur séjour dans la ville chinoise tristement célèbre. Des critiques qui s’ajoutent à celles déjà avancées par une trentaine de scientifiques dans une tribune publiée le 4 mars dernier dans le Wall Street Journal et le quotidien Le Monde.

Dans cette lettre ouverte, ces scientifiques de renom pointent du doigt les limites de la première mission OMS-Chine et listent des conditions nécessaires pour réaliser une enquête scientifique susceptible de répondre aux interrogations sur les origines de la pandémie. «Elucider les origines du SARS-CoV-2 est crucial pour mieux faire face à l’épidémie actuelle et réduire les risques de futures pandémies. Malheureusement, plus d’un an après l’apparition des premiers cas, les origines de la pandémie sont toujours inconnues », avaient-ils écrit.

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