Omar Cherkaoui
- Maroc Hebdo: Le PAM a maintenu son choix d’être à l’opposition malgré les dernières évolutions sur la scène politique. Qu’est-ce que cela signifie?
- Omar Cherkaoui: La décision du PAM de ne pas s’allier au PJD est basée sur un principe. Ce choix a été fait bien avant les élections législatives du 7 octobre 2016, et a été confirmé au lendemain de ce scrutin. C’est une bonne chose car c’est une position qui donne du sens et de la valeur à l’action politique dans le pays.
Bien évidemment, la possibilité d’une éventuelle alliance entre les deux rivaux a été évoquée récemment après la fin du blocage. Car le PJD commençait à agir par pragmatisme et non pas par principe. Ce dernier se posait alors la question: pourquoi exclure le PAM alors que celui-ci peut remplir les mêmes fonctions que le RNI, notamment dans les relations avec l’Etat et son influence sur la scène politique? Surtout que le nombre de sièges obtenus par PAM aurait permis de former une majorité avec deux partis seulement.
- Maroc Hebdo: Quelle attitude la PAM va-t-il adopter vis-à-vis du prochain gouvernement?
- Omar Cherkaoui: Le PAM adoptera une opposition modérée et clairement moins farouche par rapport au précédent mandat, car la nouvelle majorité compte des partis proches de lui, notamment le RNI et l’USFP. D’autant plus que le prochain gouvernement ne prendra pas de décisions susceptibles de provoquer l’opposition, car il sera composé de plusieurs courants et tendances, ce qui freinera toutes ses politiques publiques ou ses décisions politiques.
Sans oublier que le PAM ne devra plus faire face à une personnalité disposant d’une image et d’une communication très forte comme l’ancien chef de gouvernement Abdelilah Benkirane. Par ailleurs, le PJD et le PAM garderont toujours une piste d’alliance en prévision des élections de 2021 ou même avant en cas de remaniement ministériel.
- Maroc Hebdo: Passer cinq autres années dans l’opposition ne risque-t-il d’affaiblir le parti?
- Omar Cherkaoui: Il est clair que le PAM ambitionnait d’accéder au pouvoir à l’issu des élections de 2016, et il a tout fait pour y parvenir. Toutefois, son choix d’être à l’opposition ne l’affectera pas réellement. Les sources de force du PAM font qu’il pourra résister pendant cette période de cinq ans voire moins, car il pourrait toujours intégrer le gouvernement en cas de remaniement.
Il ne faut pas oublier également que même s’il n’a pas réussi à battre son rival, le PJD, le PAM reste un parti incontournable qui a gagné en puissance, en témoignent ses résultats qui ont été multipliés par plus de deux entre 2011 et 2016
En continu
Omar Cherkaoui : "Le PAM ne sera pas affaibli par son choix de rester à l'opposition"
- par Louay Kerdouss
- 05-04-2017
- Politique