
Le feuilleton Benkirane-opposition n’est pas fini. Il connaît juste un autre épisode dans le sens de l’apaisement; en principe. Chargés par S.M. le Roi, deux conseillers du Souverain, Fouad Ali El Himma et Abdellatif Menouni, ont récemment rencontré le chef du gouvernement. Ils lui ont fait un listing des accusations portées à son encontre par ses contradicteurs. En particulier, la volonté qui lui est attribuée d’impliquer la personne du Roi dans ses relations conflictuelles avec ses opposants et dans les enjeux des prochaines échéances électorales.
Abdelilah Benkirane s’est évidemment inscrit en faux par rapport à ces plaintes, se disant lui-même victime de la hargne et des diffamations répétées à son égard. Il aurait aussi rappelé que Hamid Chabat, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, a déclaré sous la coupole du parlement que lui, Abdelilah Benkirane, est un allié de Daech et qu’il est en relation avec les services israéliens du Mossad.
Pour rappel, les quatre partis de l’opposition (Istiqlal, USFP, PAM et UC) avaient fait une demande d’audience par S.M. le Roi, qui n’a pas eu lieu. Ils ont été reçus par les mêmes conseillers royaux, le 27 mars 2015, à qui ils ont remis un mémorandum à l’intention du Souverain. C’est en réponse à ce document que cette nouvelle entrevue a eu lieu.
Est-ce l’épilogue annonçant le retour au calme entre Benkirane et ses pourfendeurs attitrés? Rien n’est moins sûr; pas seulement parce que ce genre d’affrontement fait partie de la carte génétique du jeu démocratique. Cette raison-là est recevable, mais pas suffisante. Car, au-delà des différences de référentiel et de conception de la chose publique, il existe aussi une réelle incompatibilité d’humeurs et de caractères entre deux camps forcément antagonistes. En fait, ce qui devait aboutir à une paix des braves, comme prélude à une saine confrontation des idées et des programmes, n’est pas chose acquise. Il faut plutôt s’attendre à des déclarations incendiaires dans les meetings électoraux et à des empoignades verbales bas de gamme dans des séances tumultueuses du parlement.