Le nouveau regard sur l'état

Parmi tous les changements intervenus -ou à venir- par suite de la lutte contre la pandémie du COVID-19, une mention particulière doit être faite au domaine institutionnel. Plus précisément, comment a réagi l’État? comment a-t-il fait face? Et l’impact sur la place et le rôle de l’administration mais surtout du ministère de l’Intérieur? Le 23 mars 2020, au Parlement, le titulaire de ce département, Abdelouafi Lafit, a bien cadré la problématique désormais à l’ordre du jour: «La situation est complètement inédite, nous n’avons jamais eu autant besoin les uns des autres, nous survivrons ensemble ou il y aura un naufrage ensemble…» Alarmisme? Non, un parler-vrai. C’est que cette administration a des attributions importantes.

Elle a des tâches traditionnelles comme l’administration territoriale, la tutelle des collectivités territoriales, l’ordre public et la sécurité publique et tant d’autres. Il faut y ajouter les opérations d’intérêt national et les situations d’urgence ainsi que la protection civile. Avec la crise sanitaire actuelle, le ministère de l’Intérieur était en «première ligne» avec le département de la Santé, qui, lui, est dans un périmètre plus réduit. Il est au carrefour de nombreux secteurs intéressant les autres ministères. Il dispose d’un réseau d’agents et de structures à tous les niveaux. Un maillage territorial et organique à nul autre pareil. Par suite de ses rapports avec les collectivités locales et toutes les institutions professionnelles représentatives ainsi que celles du secteur associatif, il a une proximité de terrain avec les populations.

Sur les rapports de ce département régalien avec les citoyens, il y aurait évidemment beaucoup à dire. Aujourd’hui, n’est-ce pas un profond changement qui s’opère sous nos yeux, en «live», parce qu’en tant que confinés, nous avons le loisir et l’opportunité de revoir nos tables quant à la place et au rôle de ce département. Il a mis au point un dispositif opérationnel à travers le Royaume pour faire respecter les mesures dictées par la situation d’urgence sanitaire. Ce qui lui vaut en retour un nouveau regard des citoyens. Il est dans l’excellence qui se vérifie dans le ressenti des populations: il protège, il rassure, il est efficace aussi. Il a fait montre d’une mobilisation qui restera un cas d’école dans la vie politique nationale. Il y a eu dans le passé d’autres formes de mobilisation mais elles n’avaient pas le même enjeu. Dans le cas de figure d’aujourd’hui, c’est la vie de chacun d’entre nous, mais aussi le destin collectif qui sont au coeur de la mise en oeuvre de cette politique opérationnelle.

Pour certains, pas forcément à tort, l’État était éloigné des citoyens; d’où des sentiments mêlés couvrant certaines politiques publiques où les discours et les promesses paraissaient être la marque, surtout d’ailleurs avec le cabinet actuel investi voici trois ans. Tel ne sera plus le cas désormais parce que les citoyens ont redécouvert un État debout, un acteur global en alerte et en mission nationale.

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