Nous allons construire un village du livre pour les bouquinistes

Youssef Bourra, bouquiniste et président de l’Association casablancaise des bouquinistes Youssef Bourra, bouquiniste et président de l’Association casablancaise des bouquinistes

Entretien. Casablanca  abrite, du 10 au 30 avril  2015 la foire annuelle du  livre d’occasion, à la Place  Sraghna. Le point sur cette  manifestation et sur la  situation des bouquinistes  au Maroc avec Youssef  Bourra, bouquiniste depuis  1987 au souk Koréa, à  Casablanca, et président de  l’Association casablancaise  des bouquinistes

Maroc Hebdo: Quel est l’objectif de  la foire annuelle du livre d’occasion  de Casablanca?
Youssef Bourra:
Ce sont les mêmes  objectifs qui ont présidé à la création  de l’Association casablancaise des  bouquinistes. A savoir la préservation  d’un métier rustique mais toujours  moderne, l’encouragement des  jeunes à la lecture dans tous  les domaines de la création et  de la connaissance et, enfin, la  présentation des offres de livres à la  portée de toutes les bourses.

Comment voyez-vous la situation des  bouquinistes au Maroc?
Youssef Bourra:
On lit de moins  en moins. C’est un constat. La  situation actuelle du bouquiniste  en découle directement. Comme  tous les métiers de l’édition, nous  luttons pour survivre. D’abord  sur le front socioculturel, puis sur celui de la concurrence virulente  imposée par les NTIC et, enfin, sur  un plan subjectif étant en rapport  avec la formation du bouquiniste;  sa situation sociale, etc.  Depuis des années, on tire la  sonnette d’alarme pour que cette  profession ne disparaisse pas.

Qu’est ce  qui en menace l’existence?
Youssef Bourra:
Il faut dire que,  grâce à l’action de notre association  et d’autres dans différentes villes du  royaume, les choses commencent  à bouger dans le bon sens. Notre  partenariat avec le ministère de la  culture et avec d’autres institutions  universitaires y a contribué pour  une grande part. Nous restons  donc optimistes. Toutefois, nous continuons notre action en vue  de mettre sur pied des projets  en mesure de revaloriser et de  moderniser le métier.

Quel est le rôle de votre association  pour la sauvegarde de cette  profession?
Youssef Bourra:
Pour la ville de  Casablanca, nous envisageons  de construire un village du livre  ou seront rassemblés tous les  bouquinistes de la cité. Ils y  seront installés, dans un cadre  sain et organisé selon des normes  convenables, au lieu de l’état actuel  où certains bouquinistes exercent  toujours dans des baraques au  milieu des marchés aux puces.

Vous oeuvrez également pour  l’amélioration des conditions  sociales des bouquinistes?
Youssef Bourra:
Notre association  est un intervenant parmi d’autres.  Nous sommes fiers d’avoir été les  premiers à soulever les problèmes  du métier, que ce soit au niveau  social ou culturel. Notre rôle est de  rassembler des synergies de toute  la société en vue de réconcilier le  Marocain avec la chose culturelle,  en général, et avec la lecture, en  particulier. Nous oeuvrons aussi pour  que le bouquiniste puisse jouir de  ses droits sociaux, de la couverture  médicale, d’un régime de retraite,  etc. Et, globalement, servir la société  et l’améliorer à travers la culture.

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