
De l’avis général, Noureddine Modiane a dirigé les travaux du 17ème congrès du Parti de l’Istiqlal avec une maîtrise inégalée, doublée d’une fermeté à toute épreuve. Il nous explique comment il a pu remplir cette mission.
Comment avez-vous réussi à mener à bon port le 17ème Congrès du parti de l’Istiqlal, qui était des plus problématiques?
La présidence du 17è congrès n’a pas été un tâche facile. Loin de là. C’était une mission périlleuse et un défi que personnellement je me devais de relever. Le Secrétaire général sortant, Hamid Chabat, était décidé à tout faire pour empêcher le bon déroulement de ces assises, voire même à les saboter sachant qu’il n’avait plus de chance pour être reconduit dans son poste. Durant toutes les dernières phases préparatoires et lors des travaux du congrès, lui et ses rares soutiens ont à chaque fois cherché un prétexte pour créer le clash.
On a vu ce qui s’est passé le premier jour du congrès lors du dîner, avec ces affrontements déplorables. Tout le monde était sur les nerfs et pour ma part, un seul et unique objectif, mener à terme dans les meilleures conditions possibles le congrès du parti.
Après la première manche du congrès, les 29, 30 septembre et 1er octobre, la deuxième partie, celle de l’élection de la direction du parti a été des plus dures...
Les deux manches du congrès ont été dures comme je vous l’ai expliqué. Nous avons élu les membres du Conseil national dans la nuit de samedi 30 septembre à dimanche 1er octobre 2017et décision a été prise d’appeler les membres du Conseil à une session, samedi 7 octobre, pour élire le Secrétaire général et les membres du Secrétariat général. M. Chabat a encore une fois fait des siennes, en demandant la présence dans la salle du vote de tous les membres du conseil, quelque 1.250 personnes. Autrement dit, dans un cadre non maîtrisable. Je me suis opposé à cette proposition avec la plus grande fermeté.
Les deux candidats au poste de Secrétaire général, à savoir Hamid Chabat et Nizar Baraka avaient leur représentant dans la salle où s’est déroulée l’opération du vote. Des urnes transparentes ont été mises en place. Chaque membre entre dans la salle, présente son document d’identité et son badge de membre du Conseil national, accomplit son droit de vote après les vérifications d’usage et quitte la salle. M. Chabat, avec une bonne dizaine de ses supporters, avait fait irruption, ce samedi 7 octobre, dans la salle pour perturber le vote. Il a été expulsé par la force. Il a finalement compris que sa page était tournée.
Le taux de participation avoisinait les 97%. Imaginez des membres du Conseil national qui sont rentrés chez eux lundi 2 octobre à Laâyoune, Figuig ou Dakhla et sont revenus samedi matin à Rabat pour accomplir leur devoir partisan! C’est un signe d’engagement de tous pour le changement à l’intérieur du parti…
Quand vous avez proclamé les résultats du vote pour le poste de Secrétaire général, M. Chabat n’a pas protesté...
L’écart entre Nizar Baraka, nouveau Secrétaire général du parti, et Hamid Chabat était tellement important que personne ne pouvait plus rien dire. Sauf accepter le résultat. C’est ce qu’a fait M. Chabat, qui a déclaré ne pas contester le vote. Il s’est rendu compte que le parti ne voulait plus de lui à sa tête. Il me disait, durant les semaines de préparation du congrès, qu’il allait être reconduit à 80%. Il n’a même pas pu avoir 20% des votants.
Son véritable poids est représenté par les 120 membres sur les 1.250 du Conseil national qui ont voté pour son fils Nidal, candidat malheureux au Comité exécutif. Sur les 120, il y a une cinquantaine de Fès et sa région, fief de Chabat…
Les pro-Chabat ont été battus également dans l’élection du Comité exécutif…
Notre volonté la plus sincère est de permettre au parti de retrouver sa place comme formation centrale de l’échiquier politique national. Avec bien sûr une forte présence au parlement. Notre volonté n’est pas de porter atteinte à la dignité de M. Chabat ou de quiconque. C’est un enfant du parti, un syndicaliste aguerri. Sa place en tant que membre du parti est préservée. Maintenant, c’est à lui de tirer les conclusions qui s’imposent. Ses soutiens sont également des Istiqlaliens et n’ont qu’à respecter, comme tout le monde, les règles du parti.
Qu’en est-il du rapport financier? A-til été débattu comme cela a été publié dans certains médias?
Malheureusement, par on ne sait quel procédé, l’organe du parti, Al Alam, a publié l’information selon laquelle le rapport financier a été discuté par les congressistes. Ce qui nous a tous surpris.
Le congrès n’avait pas à statuer sur un document faisant l’objet de contestations devant la justice. Je le répète, le rapport financier de Chabat est entre les mains de la justice et n’a pas été lu devant les congressistes. On attend la décision de la justice et on réunira les instances partisanes adéquates pour en débattre. C’est suite à ce processus que le quitus peut être donné ou non à M. Chabat.
Vous semblez prendre votre temps maintenant que la page Chabat est tournée...
On marque une pause, un repos du guerrier, si vous voulez. Le dépouillement des bulletins de vote pour le Secrétariat général a nécessité près de 22 heures non stop. Nous n’avons même pas pu discuter de l’élection du président du Conseil national, qui a été reportée à une date ultérieure.
Tout le monde est conscient qu’il faut s’atteler d’urgence au travail. L’unité et la force du parti en sont les principaux enjeux.