Le numéro que vous avez entre les mains clôture 25 années d’existence de votre magazine. Rassurez-vous, ça continue. Un quart de siècle, voilà un chiffre rond qui correspond à une génération en terme de démographie ; et à toute une époque dans la vie du journal et du pays.
Autant la naissance était une audace au regard de la particularité du moment, autant le parcours était un défi permanent par rapport à une succession de contextes difficilement négociables en matière de presse. Après être né, il fallait constamment s’adapter, parfois carrément se réinventer. Pour un journalisme qui a pris la politique comme matière à traiter, l’endurance, pour ne pas dire la survie, est un indicateur majeur de pérennité.
Nous sommes en 1991, le champ de la presse écrite est quasi entièrement peuplé de publications partisanes, avec une présence institutionnelle à travers quelques titres officieux. Cela correspond à notre historicité dans ce domaine, avant comme après l’indépendance. Dire, à postériori, que la voie était libre, donc favorable, c’est aller vite en besogne. Car l’entreprise privée de presse n’était pas vraiment la bienvenue. Sans être totalement indésirable, nous étions, quand même, perçus comme des intrus. À ce titre, il y a de quoi s’enorgueillir d’avoir été les pionniers de cette presse d’un autre genre, à une semaine d’intervalle avec notre confrère l’Économiste.
Avec le recul, le moment de notre parution semble mal choisi ; car la crispation politique n’avait pas encore été dépassée. Le dégel progressif n’arrivera qu’à partir de 1994, avec l’amnistie générale pour les détenus et les exilés politiques. Bien que l’espace des libertés était plus restreint qu’aujourd’hui, nous avons quand même fait le choix responsable de la liberté d’opinion. Il n’y avait pas d’autre option pour un journal indépendant qui se veut crédible.
L’horizon politique étant allé en s’éclaircissant, avec l’avènement de l’alternance à l’Exécutif, nous avons eu de la compagnie sur le même créneau. D’autres publications ont vu le jour, alimentant des kiosques de plus en plus fournis. La famille s’est agrandie. Les lois qui régissent la liberté de la presse étaient désormais appelés à plus de tolérance et d’élasticité à l’égard de ce quatrième pouvoir incontournable pour toute construction démocratique.
La longévité, aussi relative soit-elle, ne se décrète pas. Elle se travaille, au jour le jour. Pour qu’elle ne court pas le risque de prendre des rides synonymes de ringardise et de vieillissement, elle doit, impérativement, se renouveler en se rajeunissant, autant que faire se peut. Maroc-Hebdo a pris cette option. Tout au long de ces 25 années, notre journal a toujours fait portes ouvertes aux jeunes ; nombre d’entre eux ont fait leur chemin ailleurs, souvent avec beaucoup de réussite. Il a été, de ce fait, une véritable école de formation. À tel point qu’il est maintenant admis que s’il est facile d’entrer à Maroc Hebdo, il faut faire ses preuves pour y rester. Et ça continue.