Les noirs desseins de Trump pour la Palestine

Donald Trump et Mahmoud Abbas.

La question palestinienne aux prises avec l’administration américaine


Suppression de l’aide américaine. Projet de fusion avec la Jordanie. Lâchage, comme d’habitude, de la Ligue arabe. Jamais les Palestiniens n’ont subi autant de pressions pour se résoudre à un compromis au détriment de leur identité.

Plus que jamais auparavant, entre les USA et les Palestiniens, rien ne va plus. Il n’y a même plus de quoi aller à la table du jeu diplomatique. Car les jeux sont faits avec une clarté qui défie tous les bluffs et les circonvolutions langagières de circonstance. Donald Trump s’en est occupé avec son franc-parler à la fois direct et simpliste. Il est allé crescendo avec un goût prononcé d’une provocation préméditée. Ce qui paraissait compliqué pour ses prédécesseurs, parmi les plus illustres chefs d’États-diplomates, paraît d’une simplicité infantile pour Donald Trump. Il s’est attaqué à l’un des sujets les plus sensibles de l’histoire contemporaine; celui de la question palestinienne et du statut d’Al Qods (Jérusalem).

En clair, le noeud névralgique d’un conflit qui perdure depuis 1948, date du grand partage colonial sur une carte redessinée et mise au goût du jour et des intérêts des grandes puissances de l’époque. Le problème par qui une nouvelle crise est arrivée concerne le statut d’Al Qods. Le monde entier a convenu à l’unanimité morale et religieuse, sauf Israël, que ce sanctuaire appartient aux trois religions monothéistes avec un équilibre fragile, certes, mais gérable sans esprit d’appropriation hégémonique. Sur ce point précis, Israël, par la voix d’un Netanyahu irrédentiste, n’a pas résisté à son impulsion d’un grand Israël.

Logorrhée habituelle
Ce qui marque le plus ce conflit forcément territorial, c’est l’espace. Les Israéliens l’ont compris depuis le début de leur débarcation en Palestine. Ils ont procédé par un grignotage systématique et ignoble pour y installer des colonies champignons. L’objectif saute aux yeux. Il s’agit de rendre aléatoire la réalisation d’un État palestinien spatialement et économiquement viable. D’ailleurs, la bande à Netanyahu n’y a jamais cru. Tout le reste, telles les résolutions de l’Union Européenne et de l’ONU ne sont de que des déclarations verbales de circonstance. Les Palestiniens sont invités à se mettre à la table de négociations sur la base d’un Jérusalem totalement judaïsé en tant que capitale éternelle d’Israël. Déjà depuis le 6 décembre 2017, les adeptes d’autres monothéismes, chrétien et musulman, doivent passer par une juridiction du grand rabbinat. Une négation du temps historique.

Après avoir laissé le bénéfice du doute à ce président iconoclaste, les Palestiniens ont gelé tout contact dès fin 2017. Un divorce provoqué par la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël, en rupture avec des décennies de consensus international qui veut que le statut de la Ville sainte soit confié à la négociation. Depuis, l’administration américaine multiplie les mesures spectaculaires dans le double but avoué de punir les dirigeants palestiniens et de leur tordre le bras pour qu’ils acceptent de négocier l’aide bilatérale quasiment effacée et l’annulation du soutien financier à l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. Et, lundi, 10 septembre 2018, fermeture de la mission de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), à Washington, 25 ans après qu’Arafat, le chef de cette même OLP, a été reçu avec les honneurs à la Maison Blanche.

Les participants à la réunion extraordinaire de la Ligue arabe, mardi 11 septembre 2018, au Caire, ont reproduit leur logorrhée habituelle sans espoir d’une quelconque influence sur le traitement américain de la question palestinienne. Plus qu’auparavant, les Palestiniens ne peuvent compter que sur eux-mêmes

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