Neuf millions de marocains ont voté

La démocratie marocaine en marche

Cinquante pour cent, ce n’est, pour certains, pas assez. Mais en même temps, ce n’est pas rien: ce sont un peu plus de neuf millions de Marocains qui se sont rendus, ce mercredi 8 septembre 2021, dans un bureau de vote pour choisir leurs représentants au parlement ainsi que dans les communes et les régions. Soit plus que dans aucune autre élection de l’histoire du Maroc indépendant.

Rappelons que même dans un contexte très politisé marqué notamment par le mouvement de protestation du 20-Février et, dans la région, celui du Printemps arabe, le scrutin du 25 novembre 2011 avait péniblement réussi à atteindre les 45,5%. Cinq ans plus tard, en 2016, ce ne fut guère plus brillant, avec un taux de participation réduit à 42,29%. Preuve s’il en fallait que nos concitoyens n’ont pas perdu foi en leur système politique.

Et pourtant, ce n’est pas faute de tentatives de décrédibilisation à son encontre: de la part de certains observateurs étrangers, prompts à le taxer d’autocratie pour la simple raison qu’à sa tête se trouve un Roi -dont la présence à la tête de l’État est, rappelons- le, tributaire de l’allégeance que le peuple lui consent, à savoir la bey’a-, mais aussi, hélas, d’acteurs nationaux.

À cet égard, tout le monde se souvient comment le Parti de la justice et du développement (PJD) avait, un temps, accusé l’administration de vouloir exercer sa mainmise sur le jeu politique, et comment aussi, tout au long de la campagne électorale, il n’a eu de cesse de s’élever contre un soi-disant achat de l’élection par le Rassemblement national des indépendants (RNI), identifié depuis début février 2018 comme son principal concurrent.

En gros, soit la formation islamiste gagne, soit on avait triché, dans un jeu à quitte ou double qui n’est pas sans rappeler la mise en scène mise en place par le président américain Donald Trump après qu’il ait perdu début novembre 2020 face à son successeur Joe Biden. Et malheureusement, on voit encore le PJD, devant son refus d’assumer la sanction des Marocains à l’encontre de ses politiques désastreuses au cours de la dernière décennie à la tête du gouvernement, continuer à crier au complot.

Mais si on peut tromper certaines personnes certaines fois, on ne peut toutefois pas tromper toutes les personnes toutes les fois. Imparfaite, la démocratie l’est sans doute encore au Maroc, celle-ci n’étant pas seulement réduite, comme d’aucuns peuvent le croire, au simple exercice du droit de vote, mais constituant d’abord et surtout une culture.

Et celleci nous manque assurément encore, du fait d’une classe partisane qui, globalement, ne sait pas toujours se montrer à la hauteur. “Quand le bilan se révèle positif, les partis, la classe politique et les responsables s’empressent d’occuper le devant de la scène pour engranger les bénéfices politiques et médiatiques des acquis réalisés. Mais, quand le bilan est décevant, on se retranche derrière le Palais royal et on lui en impute la responsabilité,” avait notamment tancé le discours du Trône du 29 juillet 2017.

Mais, plus que jamais, tout un chacun est désormais conscient qu’il est vraiment comptable devant les électeurs, et qu’il n’existe, en outre, guère de lauriers sur lesquels il peut sempiternellement se reposer. Cela s’appelle, en d’autres termes, la reddition des comptes, et aujourd’hui le Marocain peut sans doute être fier de disposer d’institutions politiques aussi fonctionnelles...

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