Le général a combattu la maladie avec la dignité qu’on lui a toujours connu.
On le savait diminué, depuis plus d’une dizaine d’années. Le grave accident qu’il avait eu début septembre 2011 sur l’autoroute Marrakech-Rabat l’avait sérieusement entamé. Hospitalisé dans une clinique de Rabat, le général Hamidou Laanigri s’est éteint dans la journée du dimanche 10 septembre 2023. Il avait 84 ans. Ses funérailles ont eu lieu le lendemain, lundi 11 septembre 2023, dans la capitale même après la prière d’Addohr au cimetière Ach-Chouhada.
«Il laisse derrière lui un parcours exceptionnel, » nous confie un ancien haut gradé de l’armée, qui l’a bien connu. Natif de Meknès en 1939, c’est en 1956, au lendemain de l’indépendance, que le général Laanigri débute sa carrière sous les drapeaux, avec pour mentor un certain Driss Benomar, également général et également, comme lui, originaire de la capitale ismaélienne. Le jeune Laanigri a vite fait de gravir les échelons et de donner la pleine mesure de sa capacité à être un homme de commandement. Il est un témoin de premier plan des deux putschs avortés contre SM le Roi Hassan II en 1971 et 1972. Et en 1973, il se retrouve au coeur des événements dits de Moulay Bouazza. Officier à la gendarmerie royale, dont le commandement est assuré par le général Hosni Benslimane, M. Laanigri sera envoyé aux Etats unis d’Amérique juste après la marche verte en 1975 pour peaufiner sa formation. A son retour en 1977, il est nommé commandant de la gendarmerie royale de Casablanca. Quelques mois plus tard, il est nommé à la tête de l’unité militaire envoyée au Zaïre pour y instaurer la paix.
Le pays dirigé alors Mobutu Sésé Sékou fait face à une rébellion dans la riche région du Katanga. Le colonel Laanigri s’est illustré lors de cette mission à hauts risques et ce n’est pas pour rien que les Émirats arabes unis font appel à lui pour assurer la mission d’instructeur de sécurité. Mission qu’il a remplie une décennie durant de 1979 à 1989, devenant également conseiller à la sécurité du Cheikh Zayed Ben Soltane Al-Nahyane, président des Emirats. De retour au Maroc, il est nommé à la DGED (direction générale des études et de la documentation), dirigée alors par le général Abdelhak Kadiri. Il chapeaute pendant dix ans le département de contre-espionnage. Il faut dire que le général Laanigri, tout en étant un homme de terrain, s’est formé dans le domaine du renseignement et a été un adepte du modèle américain en la matière, mêlant nouvelles technologies et action. Le 30 septembre 1999, deux mois après la mort de SM Hassan II, le général Laanigri est nommé directeur général de la DST (Direction de la surveillance du territoire) succédant à Driss Basri qui cumulait ce poste avec celui de ministre de l’Intérieur. Il prend, en juillet 2003 la Direction générale de la sureté nationale (DGSN) avant d’être nommé en 2006 inspecteur général des forces auxiliaires.
Devoir national
Ce lauréat de l’Ecole des sous-officiers d’Ahermoumou au tout début de l’Indépendance du Maroc, puis élève officier de l’Académie militaire de Meknès d’où il sort sous-lieutenant, issu d’une famille modeste, a vu sa vie basculer le 5 septembre 2011. Victime d’un accident de la circulation sur la route Casablanca-Marrakech, il ne s’en remettra plus. L’homme fort qu’il était s’est retrouvé subitement à la retraite, affaibli sur le plan de la santé. Ces deux derniers mois ont été durs pour lui, dira l’un de ses proches. Il ajoute que le général a combattu la maladie avec la dignité qu’on lui a toujours connu.
Dans son message de condoléances, le Souverain dit se remémorer, «avec estime, le patriotisme sincère, la discipline, le dévouement et la négation de soi du défunt au service des intérêts suprêmes de la Patrie, tout en accomplissant son devoir national dans les différentes hautes responsabilités militaires et sécuritaires qu’il a occupées, avec un indéfectible attachement aux constantes et aux sacralités de la Nation et au glorieux trône alaouite.».