Moins de 48 heures pour rejoindre le pays

Fermeture des Frontières

La décision du Maroc de suspendre ses vols avec près d’une quarantaine de pays n’a pas été suivie de mesures d’accompagnement et de rapatriement de Marocains bloqués dans les pays concernés.

Le gouvernement marocain doit bouger, et d’urgence! Des citoyens marocains vivent actuellement une véritable crise humanitaire sous d’autres cieux. Les décisions de fermeture des frontières avec près de 40 pays à travers le monde a empêché des milliers de Marocains de regagner leur pays. Des Marocains qui n’étaient pas forcément en vacances ou installés dans ces pays. Plusieurs s’y étaient rendus pour des raisons professionnelles ou de santé. La cadence de suspensions de vols s’est accélérée ces deux derniers mois, au vu de l’évolution de la situation épidémiologique dans le monde. La décision de suspendre les vols avec la France et l’Espagne à partir du 30 mars 2021 a créé un vent de panique auprès des Marocains qui s’y étaient rendus, surtout lorsqu’on sait que le gouvernement n’annonce la suspension de vols que 24 heures avant.

Comme pour l’année dernière, ces décisions brutales ont laissé pantois des milliers de Marocains qui devaient rentrer au pays. Contacté par nos soins, un Marocain bloqué en Turquie nous dresse un tableau noir de ce qu’endurent près de 200 de ses concitoyens, depuis le 22 février 2021, date de suspension des vols avec la Turquie.

Proies des réseaux mafieux
«Ce sont de véritables drames qui se passent actuellement en Turquie. Certains sont venus pour quelques jours pour des raisons de santé et se retrouvent depuis près de deux mois sans argent, sans nourriture et sans toit. Avec une vingtaine de Marocains, nous avons dressé des tentes sous un pont où nous dormons depuis plus d’un mois sous un froid glacial. La journée, nous faisons la manche, nous essayons de trouver de petits boulots pour pouvoir manger à notre faim. Nos familles au Maroc et des Marocains installés en Turquie nous aident de temps en temps, mais c’est insuffisant. Je ne comprends pas pourquoi notre pays refuse de nous sauver de cette situation indigne. Je me sens trahi», déplore notre source.

Il nous confie, par ailleurs, avec regret, que plusieurs Marocaines se sont converties en prostituées, pour survivre. «Elles ont été recrutées par des réseaux mafieux de prostitution, dirigés pour la plupart par des Syriens (…) C’est un crime dont notre gouvernement est complice», se désole notre source. Des réseaux mafieux spécialisés dans l’immigration clandestine ont arnaqué plusieurs Marocains en leur volant des milliers d’euros, sans tenir leur promesse de leur faire regagner le Maroc.

Des tentatives d’entrer en contact avec le Consulat général du Maroc à Istanbul ont été vaines. Alors que le Consulat avait fait preuve d’une forte mobilisation et réactivité, pour l’affaire des milliers de Marocains bloqués en 2020, cette année, il a brillé par son silence incompréhensible. «Déjà, le consulat est situé dans un quartier assez loin du centreville. Ça nous coûte un bras pour nous y rendre, alors que nous n’avons même pas de quoi manger. Quand on fait le déplacement, ils refusent de nous recevoir», précise notre interlocuteur.

Rappelons que l’année dernière, les Marocains bloqués à l’étranger avaient organisé plusieurs sit-in et manifestations demandant leur rapatriement. Leur nombre était beaucoup plus important. Cette année, ils ne seraient que quelques milliers à vivre ce cauchemar à travers le monde. Une raison de plus pour que les autorités les rapatrient rapidement. Pour ceux bloqués en Turquie, par exemple, un seul vol suffirait. Et l’amertume est forte lorsque ces 200 Marocains voient des vols de la Turkish Airlines programmés pour rapatrier les Turcs bloqués au Maroc. Des avions qui partent vides.

Comme pour la Turquie, plusieurs autres pays comme la France et l’Espagne, rapatrient actuellement, en masse, leurs ressortissants bloqués au Maroc. Le gouvernement marocain, lui, complice de la misère et des drames sociaux de milliers de Marocains à l’étranger, fait la sourde oreille. Jusqu’à quand?.

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