Entretien avec Mohamed ladib, vice-président de l'association Afak pour le développement de Ouirgane

Mohamed ladib : "L’écrasante majorité des habitants d’Al Haouz vivent toujours dans les tentes"

Membre actif de la société civile à Al Haouz, Mohamed Ladib, vice-président de l’association Afak pour le développement de Ouirgane, nous éclaire sur la situation actuelle des habitants de la région un an après le séisme


Un an après le séisme, pensez-vous que les aides publiques à la reconstruction ont profité à tous les habitants de la région, victimes du séisme?
Mohamed Ladib : Non, malheureusement, les projets de reconstruction n’ont pas profité à toutes les victimes du séisme. Il y a deux catégories d’habitants qui ont été exclues du plan d’aide lancé par le gouvernement. La première concerne les Marocains résidant à l’étranger dont les habitations ont été démolies et la deuxième concerne les personnes dont les maisons se retrouvent dans des zones arbitraires et non réglementées. En dehors de ces deux catégories, toutes les autres victimes ont profité des aides publiques pour la reconstruction.

Comment les aides ont été distribuées par les autorités ?
Mohamed Ladib : Au lendemain de la catastrophe, SM le Roi Mohammed VI avait ordonné au gouvernement de prévoir deux niveaux d’aides : 140 000 dirhams pour les habitants ayant perdu totalement ou partiellement leurs maisons et 80 000 dirhams pour les personnes dont les maisons nécessitent quelques travaux de rénovation. Or au moment de la mise en place de ce plan, le gouvernement n’a pas distribué les sommes ordonnées par le Souverain. Pour les habitants dont les maisons sont effondrées totalement ou partiellement, ils n’ont perçu que 80 000 dirhams et les autres seulement 20 000 dirhams.

A votre avis, comment expliquez-vous cela?
Mohamed Ladib : Je pense que le gouvernement s’est rendu compte que les budgets alloués à cette opération ne permettaient pas de satisfaire toutes les demandes exprimées. Le gouvernement a recensé environ 60 000 maisons totalement ou partiellement démolies par le séisme.


Il y a également une aide mensuelle de 2500 dirhams versée aux victimes. Dans quel cadre entre cette aide ?
Mohamed Ladib : Elle entre dans le cadre de l’aide à la reconstruction. Les personnes, qui en bénéficient, sont celles dont les maisons nécessitent des travaux de rénovation. Elle s’ajoute aux 20 000 dirhams et elle est distribuée sur un an seulement. Elle sera suspendue le mois prochain.

La télévision publique avait montré des habitants de la région dont les maisons sont reconstruites et ont commencé à y habiter. Est-ce le cas pour beaucoup d’habitants ?
Mohamed Ladib : Quelques-uns seulement (trois ou quatre) ont pu reconstruire leurs maisons. Mais le reste, soit l’écrasante majorité, vivent toujours dans les tentes. Une situation intenable alors que le froid et les pluies s’approchent.

Comment s’en sortent les habitants qui ont perdu leurs activités commerciales qui représentent leurs sources de revenus ?
Mohamed Ladib : un an après le séisme, ils ne sont toujours pas indemnisés. Le ministère du commerce et de l’industrie vient de lancer une opération de recensement pour inciter les commerçants ayant perdu leurs commerces à ouvrir des comptes bancaires pour recevoir leurs indemnisations.

Quant aux propriétaires des maisons d’hôtes, auberges et autres gites touristiques, quelques-uns seulement ont perçu de fortes indemnisations (l’équivalent de 1,8 million de dirhams chacun). Ils sont 5 ou 6. Or la seule région Ouirgane compte une soixantaine d’établissements touristiques. Le gouvernement justifie cette injustice dans la distribution des aides à quelques hôteliers de la région par le fait que ces derniers soient classés tandis que tous les autres sont hors classement.

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