Mohamed El Ghali : Le PJD a profité des erreurs des autres partis

Mohamed El Ghali - © Photo : MHI Mohamed El Ghali - © Photo : MHI

Maroc Hebdo: Quelle lecture faitesvous  des résultats des élections communales  et régionales du 4 septembre  2015?
Mohamed El Ghali:
J’ai déclaré, il y a  quelques semaines, que le PJD est le  seul parti capable de réaliser de bons  résultats. Tous les observateurs avaient  la même vision objective. Le PJD est bien  structuré et, contrairement aux autres  partis, ses membres sont disciplinés et  respectent les directives de la direction,  ce qui est un élément clé dans la réussite  électorale de toute formation politique.  Excepté le PAM, dont les membres ont  fait montre d’un minimum de discipline,  chez les autres partis, on ne peut pas dire  la même chose.

Que voulez-vous dire par discipline?
Mohamed El Ghali:
Au lendemain des  élections, il y avait des directives des  états majors des partis qui n’ont pas été  respectées. Seul le PJD a pu maîtriser ses  troupes, comme ses candidats, durant  la campagne électorale. A ma connaissance,  aucun élu PJD n’a transgressé la  décision du comité exécutif du parti au  sujet des alliances. Le PJD a également été  le seul parti à ne donner d’accréditation  qu’à ses seuls membres et selon des  critères de sélection rigoureux. Dans les  autres formations politiques, le critère  principal était les moyens financiers du  candidat et ses chances de remporter  le siège. Des militants populaires dans  leurs circonscriptions ont été placés au  deuxième ou au troisième rangs de la liste de leur parti alors que la tête de  liste a été accordée à des fortunés...

Ce que vous dites a toujours existé.  Pourquoi c’est le PJD qui est sorti  grand vainqueur au point que certains  parlent d’un raz-de-marée  islamiste?
Mohamed El Ghali:
Il n’y a pas eu  de raz-de-marée. Sur près de quinze  millions d’électeurs, un peu plus de  50%, soit près de 8 millions, ont voté.  Et sur ces quelque 8 millions, le PJD a  eu à peine 1,5 million de voix, devant  le PAM, qui a eu 1.333.000, et l’Istiqlal  avec 1.070.000. Autrement dit,  les trois premiers partis ensemble ne  peuvent pas parler de raz-de-marée.  C’est une victoire certes nette du PJD,  mais nous restons loin d’être un pays  bien encadré par des partis politiques…  Autre élément qui a joué en  faveur du PJD, ce sont les erreurs des  autres partis. Certains partis n’ont  pas hésité à donner l’accréditation à  des personnes condamnées par les  différents tribunaux du Royaume…  Le PJD a profité des erreurs des autres  partis et du taux d’abstention, qui a  avoisiné les 50%.

Pourquoi le PJD serait le seul à tirer  profit des abstentions?
Mohamed El Ghali:
La discipline au  sein du PJD a été payante. Les candidats,  l’ensemble des militants du parti  et leurs réseaux de soutien ont tous été  mobilisés durant la campagne et ont  voté le jour du scrutin. Cela n’est pas  le cas pour les autres partis, dont les  militants ont préféré aller voir ailleurs.  Autre élément: sur les milliers de candidats  PJD, aucun n’a été parachuté à  la dernière minute. Cette approche  démocratique, absente dans les autres  partis, a fini par démobiliser leurs  membres et sympathisants.

Le discours “populiste” du PJD,  comme le qualifient ses opposants,  a porté ses fruits...
Mohamed El Ghali
: Ceux qui disent  que le secrétaire général du PJD fait  du populisme doivent revoir leurs leçons. Un discours politique est jugé  en fonction des résultats obtenus. Le  PJD fait un discours terre-à-terre et un  travail de proximité.

Les ministres PJD n’avaient pas besoin  d’aller manger la figue de barbarie  comme d’autres ministres en pleine  campagne électorale et faire partager  la photo sur les réseaux sociaux. Pour  la simple raison que les ministres et cadres  du PJD n’ont pas pris la grosse tête  depuis que le parti dirige la majorité et  qu’ils maintiennent leurs rapports avec  la population... Le chef du gouvernement  habite toujours dans sa maison  familiale dans un quartier ordinaire de  Rabat… Ce sont des signes qui paraissent  sans importance, mais cela compte  pour le peuple. D’ailleurs, les ministres  du PJD qui ont été candidats ont tous  gagné haut la main leur siège.

Leur poste ministériel a-t-il joué en  leur faveur?
Mohamed El Ghali:
Le PJD a capitalisé  sur sa présence à la tête de la  majorité. Le travail de terrain n’a pas  connu de répit. Durant la dernière année  universitaire (2014/2015), nous avions  initié au sein de la faculté de droits  de Marrakech un cycle de rencontres  avec les ministres appelés à exposer  la stratégie de leurs départements et  leurs visions. Seuls les ministres PJD  ont répondu présents, répondant aux  questions des étudiants et échangeant  avec eux sans complexe.

Autre exemple: A Marrakech, plusieurs  présidents sortants d’arrondissements  étaient installés à Rabat. C’étaient leurs  adjoints, généralement issus du PJD, qui  s’occupaient de la gestion quotidienne  des affaires de la population.  C’était donc normal que le PJD réalise  une telle percée à Casablanca, Rabat,  Marrakech, Fès...

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