Mobilisation générale

Abdellatif Mansour

Sur tout ce qui touche à l’intégrité territoriale du pays, le front intérieur ne souffre aucune lézarde. Il est unanimement prêt à toute éventualité.

L’appel de la nation a sonné. Toutes les composantes du Maroc pluriel; jusqu’au fin fond du Sahara marocain, ont répondu présent. Il en a toujours été ainsi depuis la nuit des temps et tout au long de l’épaisse histoire du Maroc. Chaque fois que le territoire national est l’objet d’une menace étrangère, c’est une levée de boucliers de toutes les régions du Royaume. C’est le cas actuellement.

Guergarate a encore fait parler d’elle. Cette bourgade de l’extrême sud du Sahara, partie intégrante du territoire marocain, est classée espace démilitarisé, une sorte de zone tampon, depuis le cessez-le-feu de septembre 1991. Cette clause entérinée sous les auspices de l’ONU a été plus d’une fois transgressée. Des éléments du Polisario, téléguidés par l’Algérie, fusils d’assaut bien en vue, se sont régulièrement infiltrés dans cette région, avec l’intention affichée d’y faire la loi. La leur. De la provocation caractérisée. En fait, le Polisario ambitionne de ratisser plus large à partir de Guerguarat dans un carré englobant Tifariti, Mehbès et Bir Lahlou. Une situation que le représentant du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, a bien décrite dans une lettre adressée au président du Conseil de sécurité. Il est rappelé au destinataire que «le déplacement de toute structure civile, militaire, administrative ou de quelque nature que ce soit, du Polisario, des camps de Tindouf, en Algérie, vers l’Est du dispositif de sécurité au Sahara marocain, constitue un casus belli».

C’est là l’un des principes fondamentaux des relations internationales et de la culture de voisinage, de paix et de sécurité. Ces principes, le Polisario et la tutelle algérienne qui l’actionne ont décidé de passer outre. Cette attitude ne relève pas seulement de la provocation caractérisée, elle est intentionnellement belliqueuse. L’objectif est flagrant. Il s’agit de sonder la partie marocaine en poussant à bout sa patience et sa tempérance. Si le premier coup de feu n’arrive pas, une atmosphère de tension maximale aura tout de même été créée. Et le Polisario, qui craint par dessus tout d’être étouffé par un effet silence diplomatique, aura ainsi réussi à faire parler de lui.

Guergarate devient ainsi cet abcès miné, installé et entretenu par l’Algérie, qu’il faudra bien un jour crever. D’autant plus que cette zone, aussi reculée soitelle, est un point de passage incontournable vers la Mauritanie, emprunté par les camions de marchandises. Chemin faisant, elle est également devenue un haut lieu de trafic en tout genre, armes, stupéfiants et aides alimentaires internationales aux séquestrés de Tindouf. Tout un microcosme interlope est ainsi conçu pour narguer le Maroc au pied de son propre mur de sécurité.

Jusqu’ici, le Maroc a privilégié le combat diplomatique à toute autre option militaire. À plusieurs reprises, le bruit de bottes et le cliquetis des armes est parvenu jusqu’à Rabat, qui a fait la sourde oreille, à bon escient. La menace d’un affrontement armé persiste. Il ne sera pas circonscrit dans cet espace saharien. Il enflammera toute la région du nord-ouest africain. À chaque alerte de ce genre, le Maroc a régulièrement attiré l’attention de l’ONU sur la dangerosité d’une telle situation pour toute la région maghrébine et sub-saharienne. En vain. Cet attentisme est perçu par la partie algéro-polisarienne comme un aveu de faiblesse, sinon, carrément comme un encouragement. A croire qu’il y a dans les instances de l’ONU une tendance qui aurait quelque obscur intérêt à pousser la région vers le chaos.

Sur tout ce qui touche à l’intégrité territoriale du pays, le front intérieur ne souffre aucune lézarde. Il est unanimement prêt à toute éventualité. Les facteurs de division et de différenciation en interne disparaissent au profit d’une unité nationale sans failles. C’est dans cet esprit que la mobilisation générale a été décrétée. Une vérité historique que l’Algérie connaît et que l’ONU ne saurait ignorer.

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