LE MINISTÈRE DE L’INTÉRIEUR MENACE LES FRAUDEURS DE SANCTIONS

IRRÉGULARITÉS AUTOUR DU SYSTÈME DE DISTRIBUTION DES AIDES RAMED

Les familles qui n’ont pas reçu les aides. Ainsi, elles n’ont pas hésité à exprimer leur colère, étalant toute leur misère au public.

S’il y a un niveau où il faut saluer le rôle de l’Etat pendant cette crise sanitaire, c’est son engagement social précoce à soutenir financièrement les familles marocaines touchées par le chômage consécutif au confinement. Il est vrai que les sommes proposées sont faibles ou insuffisantes (elles varient entre 800 et 1200 dirhams selon le nombre de personnes à charge) pour subvenir à tous les besoins des familles, mais force est de constater que le système conçu pour les Ramedesites (les personnes qui possèdent la fameuse carte Ramed) et les non-Ramedistes est reconnu comme relativement efficace pour amortir, même légèrement, les effets de la crise économique sur le pouvoir d’achat des ménages.

Mais au fil de deux mois de soutien (mars et avril), les problèmes touchant au fonctionnement de ce système commencent progressivement à émerger. On parle ainsi d’irrégularités voire de trafic dans l’attribution des cartes Ramed qui auraient profité à des personnes aisées disposant de revenus conséquents. Ce qui explique, probablement, l’énorme retard pris dans la distribution des aides pour le mois de juin.

Un retard qui pénalise considérablement les familles qui ont réellement besoin de ces aides pour pouvoir survivre. Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a reconnu, lui-même, lors d’une récente intervention devant la chambre des représentants, que beaucoup de ménages, qui n’ont pas besoin de ces aides, ont pu injustement en profiter, pénalisant ainsi les familles qui en ont besoin. Cela a créé, sans aucun doute, un sentiment d’injustice chez beaucoup de Marocains qui n’ont pas hésité, via les réseaux sociaux et les plateformes électroniques, à exprimer leur colère, étalant toute leur misère au public.

Un sentiment d’injustice
Ces Marocains, lésés, ont adressé leurs réclamations au ministère de l’intérieur qui aurait reçu plus de 2 millions de lettres de réclamations. Le ministre de l’intérieur annonce avoir accepté 800 000 doléances qui sont en cours d’être prises en charge pour leur indemnisation par l’Etat. En revanche, pour les personnes qui ont reçu les aides sans toutefois les mériter ainsi que leurs complices sont visés par une enquête à grande échelle menée par les administrations territoriales du ministère de l’Intérieur.

Cette enquête entend aussi passer les plaintes adressées au ministère de l’Intérieur au peigne fin, d’autant qu’environ 10.000 d’entre elles remettent en cause les circuits d’octroi de la carte RAMED. L’enquête se basera sur les données d’autres administrations, notamment celles de l’Agence Nationale de la Conservation Foncière et de la Direction générale des impôts. Les plaintes signalent environ 1.780 ménages bénéficiaires disposant de biens immobiliers et autres sources de revenus. Avec le temps que prendra l’enquête et l’examen de toutes les plaintes, il est prévu que les aides pour le mois de juin prendront encore quelques jours de retard.

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