Mauvais payeur, l’Etat renforce le chômage!

L’ADMINISTRATION PUBLIQUE ACCÉLÈRE LA FAILLITE DES ENTREPRISES

Le nombre d’entreprises qui mettent la clé sous le paillasson grandit à cause d’un mauvais payeur: l’administration publique. Malgré les courriers du ministre des Finances, les retards de paiement ne fléchissent pas, poussant les patrons à se séparer de leurs employés. Une situation inquiétante qui menace la stabilité sociale du pays.

Les administrations publiques accélèrent les faillites des entreprises privées. Elles font ainsi fi du courrier qu’avait adressé jeudi 26 mars 2020 aux ministres et patrons d’entreprises et établissements publics, Mohamed Benchaâboun, le ministre des Finances, les appelant à l’accélération du rythme de paiement des prestataires du secteur privé. «La crise du Coronavirus a impacté tous les secteurs d’activité et exerce une pression sur la trésorerie des entreprises, particulièrement les TPME. Cette situation exige l’adoption de mesures d’urgence pour accélérer le paiement des créances détenues par ces entreprises sur l’Administration et les EEP, afin qu’elles puissent honorer leurs engagements et préserver les emplois», avait alerté M. Benchaâboun.

Comme s’il savait que cela ne va pas être suffisant pour changer le statu quo ou qu’il était au courant que presque rien n’a changé, dans une circulaire datée du 1er juin, le ministre lance un nouveau rappel. Ils les incite à mettre en place les mesures nécessaires pour activer le service du dépôt électronique des factures, une mesure visant l’accélération des paiements dans une conjoncture où les conséquences économiques de la crise sanitaire risquent de mettre à genoux les entreprises.

En dépit de ces deux appels clairement exprimés, dans la pratique, beaucoup de patrons d’entreprises, qui n’osaient pas en parler auparavant, dénoncent aujourd’hui la tergiversation et l’atermoiement des établissements et entreprises publics. Cette fois, la peur de se voir écarter de nouveaux marchés publics est dissipée. Tout le monde sait que l’investissement public a été mis à l’arrêt pour au moins les 18 prochains mois. D’ici là, survivra qui pourra!

Menace sur la stabilité
La situation est gravissime. A telle enseigne que les rangs du chômage sont renforcés au quotidien par de nouveaux profils jadis très prisés. Ce qu’il faut savoir, c’est que chaque employé prend en charge toute une famille ou du moins des membres de sa famille. Et que sa mise au chômage risque de priver des ménages entiers de ressources et de vivres. Ce qui menace la stabilité sociale et par ricochet politique.

Le mal est plus profond. C’est un secret de polichinelle. La première et principale cause pointée du doigt est le retard du paiement. Et le plus mauvais payeur n’est autre que l’Etat, l’administration qui chaque année, à travers ses différentes représentations (ministères, Facultés, régions…), injecte des milliards dans des marchés issus d’appels d’offre publics auxquels les entreprises soumissionnent. Ces marchés publics représentent pour les PME 85% de leur chiffre d’affaires. Dans les règles, l’avancement du paiement dépend de celui des travaux. Dans les chantiers du bâtiment, les maîtres d’oeuvre (architectes et ingénieurs) doivent attendre longtemps après la fin des étapes d’avancement du chantier pour être payés.

Dans la réalité, les étapes d’avancement du chantier se suivent et se succèdent mais le paiement ne suit pas. Résultat: des chantiers sont sortis de terre depuis 5, 7 voire 8 ans, mais les entreprises intervenantes se battent depuis pour le recouvrement sans succès.

Ce n’est pas tout. La rémunération des prestations supplémentaires se référant aux appels d’offres (cadre de base) doit attendre son tour, ce qui veut dire quelques années supplémentaires avant que ces entreprises ne recouvrent leur dû. La trésorerie des petites et moyennes entreprises, bien plus que les grands comptes, souffre.

Aux yeux des banques commerciales, l’activité de ces entreprises et le mouvement de leur compte bancaire ne justifie pas l’octroi de crédits de fonctionnement ou d’investissement comme Oxygène ou Relance. Se référant à la circulaire 19 de la Banque centrale (Bank Al Maghrib), la banque provisionne les créances en souffrance, ce qui implique que les vannes des crédits se ferment. Résultat: de plus en plus d’entreprises ferment boutique.

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