Nouakchott au centre de l’échiquier sahélien

LA MAURITANIE, THÉÂTRE DE LA RIVALITÉ MAROCO-ALGÉRIENNE

Dans un contexte régional marqué par le déclin de l’influence des puissances occidentales, les atouts du Maroc font de lui une force crédible et pérenne.


Il paraît loin le temps où la prière du vendredi en Mauritanie se donnait au nom des sultans marocains. Aujourd’hui, à l’heure d’une redistribution manifeste des cartes géopolitiques et géostratégique dans la région, la Mauritanie, pays majoritairement désertique de 4 millions d’habitants, est l’objet de toutes les attentions, projetée brutalement sous les lumières médiatiques.

La rivalité entre le Maroc et l’Algérie pour s’offrir les faveurs de la Mauritanie n’est pas nouvelle. Elle date depuis la période des indépendances. A grand renfort de pétrodollars, Alger n’a eu de cesse d’inonder son voisin mauritanien de propagande indépendantiste et tiersmondiste, dont l’ultime objectif était de perturber la projection naturelle du Maroc vers son voisinage sud. Méfiante à l’égard du Maroc, qui n’a reconnu l’indépendance de la Mauritanie du bout des lèvres qu’en 1969, et des nationalistes marocains qui la considère comme faisant partie du «Grand Maroc», Nouakchott s’est parfois laissée berner par les fausses promesses algériennes.

Alors que l’influence des grandes puissances occidentales, notamment de la France, se réduit comme peau de chagrin au Sahel, priées de quitter la région par les régimes souverainistes portés au pouvoir par des coups d’Etat, la Mauritanie se retrouve au coeur d’un jeu d’échec, dont l’Algérie est d’ores et déjà perdante.

Le 22 février 2024, les présidents Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et Abdelmadjid Tebboune se sont rencontrés à Tindouf et ont annoncé, à cette occasion, l’inauguration d’une zone franche et d’un passage frontalier, ainsi que le lancement de la construction de la route Tindouf-Zouerate.

Deux mirifiques éléphants blancs, la route Tindouf-Zouerat de 840 km en plein désert nécessitant des financements très couteux et un entretien colossal, pour des résultats économiques pour le moins incertains. Concernant la zone franche, elle est vouée à l’échec, les deux pays étant incapables de produire de la valeur ajoutée, en dehors des hydrocarbures.


Cette hystérie algérienne matinée d’une mise en scène risible est une réaction à l’Initiative royale pour favoriser l’accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique. Présentée le 6 novembre 2023 lors du discours royal à l’occasion du 48e anniversaire de la Marche verte, le projet permettra l’accélération de la connectivité régionale, les flux commerciaux et une prospérité partagée dans la région.

À Marrakech, à l’invitation du Maroc, le 23 décembre 2023, les chefs de la diplomatie du Burkina Faso, du Mali, du Niger et du Tchad ont salué un projet d’une importance vitale, tout en exprimant leur adhésion à l’initiative qui, en complément du projet du gazoduc Nigeria-Maroc-Europe traversant les pays d’Afrique de l’Ouest, hisse désormais le Royaume en puissance indispensable pour le désenclavement et le développement des États sahéliens et subsahariens.

Le communiqué final de la réunion ministérielle de coordination a souligné, à juste titre, l’importance stratégique de l’initiative royale, qui offre des opportunités pour la transformation économique de la région. «Pour favoriser l’accès des États du Sahel à l’océan Atlantique, le Maroc est prêt à mettre à leur disposition ses infrastructures routières, ferroviaires et portuaires pour soutenir cette initiative», avait déclaré le roi Mohammed VI.

Une alternative géostratégique novatrice, qui marque une rupture avec l’approche militaire et sécuritaire prônée par les puissances occidentales et l’Algérie dans une moindre mesure, laquelle s’est révélée impuissante à répondre aux défis d’un continent aussi complexe que prometteur.

Nouakchott, de par sa position géographique stratégique, représente un maillon essentiel dans le dispositif marocain de déploiement vers l’Afrique subsaharienne. Le roi Mohammed VI a d’ailleurs assuré que la réussite de l’initiative royale «ne peut se concevoir sans une implication constructive, positive et concrète de la Mauritanie ».

Contrairement à une Algérie qui n’a rien à proposer à la Mauritanie, les effets de manche et la rhétorique belliqueuse mises à part, le Maroc possède des arguments solides pour séduire Nouakchott. Sur le plan économique, le Maroc est le premier partenaire commercial de la Mauritanie au niveau du continent, et son premier investisseur africain, avec des perspectives de croissance futures importantes. D’un point de vue sécuritaire, la montée en puissance des Forces armées royales (FAR) offre des gages objectifs à Nouakchott. Sans parler des aspects culturels et sociétaux dont la Mauritanie gagnerait à s’inspirer. Nasser Bourita a eu, le samedi 23 décembre 2023, lors de la réunion ministérielle de coordination sur l’initiative marocaine en faveur du Sahel, cette phrase d’une extrême justesse: «Là où beaucoup voient des problèmes, SM le roi voit des opportunités». La balle est dans le camp de la Mauritanie.

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