Mauritanie: Mohamed Ould Abdel Aziz écroué

L’ancien président mauritanien, coutumier au cours de son mandat des hostilités avec le Maroc, a été placé en détention pour, notamment, des faits de corruption.

Responsable d’une des plus longues crises diplomatiques entre le Maroc et la Mauritanie depuis l’établissement des premières relations entre les deux pays voisins en septembre 1969 -plus de cinq ans sans ambassadeur mauritanien à Rabat, de septembre 2012 à novembre 2017-, l’ancien président de la voisine du sud, Mohamed Ould Abdel Aziz, est loin de passer une retraite tranquille.

Ce 22 juin 2021, la justice de son pays vient de décider de son incarcération après qu’il ait refusé, près d’une année, durant, de répondre aux convocations de la police pour des faits de corruptions, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics, octroi d’avantages indus et obstruction au déroulement de la justice qui lui sont imputés et dont il se serait rendu coupable du temps où il occupait la magistrature suprême -d’août 2009 à août 2019.

Coups de Jarnac
Ces faits seraient, selon différents observateurs, la raison pour laquelle il avait insisté pour que ce soit son ministre de la Défense et ancien compagnon d’armes au sein des Forces armées de la République islamique de Mauritanie (FARIM), Mohamed Cheikh Ould Ghazouani, qui prenne sa succession, ce qui est effectivement advenu suite à la victoire dès le premier tour de ce dernier aux présidentielles de juin 2019, sauf que M. Ould Ghazouani a, aussitôt investi, lancé une véritable opération “Mains propres” qui n’a épargné personne, y compris M. Ould Abdel Aziz. Bien évidemment, le concerné crie au complot et accuse M. Ould Ghazouani de mener une véritable cabale à son encontre, mais d’aucuns se posent toutefois la question de savoir pourquoi, du moment qu’il se prétend innocent, il refuse de coopérer avec la justice et dire ce qu’il en est véritablement.

Au Maroc, on se souvient surtout de M. Ould Abdel Aziz pour les multiples coups de Jarnac dont il s’était en différentes occasions rendu coupable à l’encontre du Royaume et de ses intérêts, avec en sus de son refus de nommer un représentant diplomatique son expulsion par exemple, en décembre 2011, du correspondant de l’agence Maghreb arabe presse (MAP) à Nouakchott, Abdelhadi El Bakkali, au prétexte qu’il serait un espion ou encore la levée, en décembre 2015, du drapeau mauritanien sur la ville de Lagouira, qui avait amené le roi Mohammed VI à dépêcher le ministre des Affaires étrangères, Salaheddine Mezouar, le directeur général de la Direction générale d’études et de documentation (DGED), Mohamed Yassine Mansouri, et l’inspecteur général des Forces armées royales (FAR), Bouchaïb Arroub, en Mauritanie pour mettre les points sur les i.

Le plus anecdotique étant que M. Ould Abdel Aziz est, en fait, d’origine marocaine, étant membre de la tribu sahraouie des Ouled Bou Sbaa, et il a d’ailleurs passé une partie de sa formation militaire, au tournant des années 1980, à l’Académie royale de Meknès. Il se sera donc visiblement offert le rare luxe de trahir deux pays à la fois...

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