Les Marocains ne se vaccinent pas contre la grippe saisonnière

Chakib Abdelfattah chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibnou Rochd, à Casablanca Chakib Abdelfattah - chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibnou Rochd, à Casablanca

Interview de Chakib Abdelfattah


Maroc Hebdo: Est-ce qu’il y a un engouement  des Marocains pour la campagne de  vaccination contre la grippe saisonnière?
Professeur Chakib Abdelfattah: Malheureusement,  non. Les Marocains ne s’excitent  pas trop pour ce genre de vaccin,  qui est, pourtant, primordial pour certains  malades, notamment les personnes âgées.

Maroc Hebdo: Même si chaque année  une campagne de sensibilisation est lancée  par l’Institut Pasteur et le ministère de  la santé…
Professeur Chakib Abdelfattah: On ne  perd pas espoir. On est parfaitement dans  notre rôle d’informer et de sensibiliser les  Marocains quant aux risques mortels de  cette maladie.

Maroc Hebdo: Y a-t-il des chiffres sur le  nombre de décès au Maroc à cause de la  grippe?
Professeur Chakib Abdelfattah: On  ne connaît pas d’une manière exacte le  nombre de Marocains qui meurent à cause  de la grippe. Cependant, les chiffres mondiaux  sont particulièrement graves: l’OMS  recense entre 3 et 5 millions de cas de  maladie grave et entre 250.000 et 500.000  décès chaque année dans le monde.

Maroc Hebdo: Quelles sont les personnes  les plus exposées au risque mortel?
Professeur Chakib Abdelfattah: Les  personnes qui présentent le plus grand  risque de complications liées à la grippe  sont les enfants âgés de moins de 2 ans,  les adultes de 65 ans et plus et les sujets  de tout âge souffrant d’une maladie chronique  sous-jacente ou dont le système immunitaire  est affaibli. Chez les personnes  adultes, le risque de décès augmente dès  l’âge de 50 ans.

Maroc Hebdo: Quelles les sont principales  complications provoquées par la grippe  saisonnière?
Professeur Chakib Abdelfattah: la grippe  peut être responsable de graves complications  médicales, notamment les pneumonies  virales et les infections bactériennes  secondaires. Elle peut également aggraver  les maladies chroniques sous-jacentes  comme les insuffisances cardiaques ou le  diabète.

Maroc Hebdo: Qu’en est-il chez les personnes  diabétiques?
Professeur Chakib Abdelfattah: On  pense que la vulnérabilité des patients diabétiques  aux infections bactériennes et virales  et à leurs complications est liée à des  anomalies génétiques, métaboliques, ou  immunitaires. Typiquement, pendant les  années à activité épidémique intense, les  diabétiques ont 6 fois plus de risque d’être  hospitalisés pour des complications liées à  la grippe et 3 fois plus de risque de mourir  des suites d’une grippe ou d’une pneumonie.  Durant les épidémies de grippe, la  mortalité chez les diabétiques augmente  de 5 à 15%.

Maroc Hebdo: Pensez-vous que la vaccination  les protège à 100%?
Professeur Chakib Abdelfattah: Plusieurs  études menées chez les diabétiques  ont montré que la vaccination antigrippale  était associée à une réduction de 56% des  complications liées à la grippe, une réduction  de 54 à 79% des hospitalisations et de  58% des décès au cours des épidémies de  grippe. Cependant, malgré le risque accru  auquel les personnes diabétiques sont  exposées et l’existence de recommandations,  les taux de couverture vaccinale  pour ce groupe à risque restent faibles

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