Les familles des victimes ont adressé une lettre ouverte au ministère des affaires étrangères, dans laquelle ils expriment leur «frustration» et leur «sentiment d’abandon» face à la détention des membres de leur famille en Thaïlande.
Ils s’insurgent devant le manque de réaction des autorités marocaines. En lien avec des ONG et des associations de défense des droits de l’homme, certaines familles ont réussi à libérer sept citoyens marocains des geôles thaïlandaises. Les familles des victimes s’étonnent que la question n’a pas été abordée par Nasser Bourita, le ministre des affaires étrangères, de la coopération africaine et des marocains résidant à l’étranger, lors de sa récente visite en Chine.
Les familles rappellent avoir adressé leurs plaintes au ministère des affaires étrangères et fourni toutes les informations nécessaires à l’ambassade marocaine en Thaïlande concernant l’enlèvement de leurs proches. Des sit in ont été organisés, jeudi 16 mai 2024, devant le ministère des Affaires étrangères et l’ambassade de la Chine, à Rabat.
Une conférence de presse s’est également tenue au siège de l’association marocaine des droits de l’Homme (AMDH). Près de 200 Marocains, hommes et femmes, seraient détenus, certains depuis plusieurs mois, par des bandes criminelles en Birmanie. Selon un comité constitué par des familles de victimes, le ministère marocain des affaires étrangères aurait reçu à ce jour le signalement de 158 cas de citoyens séquestrés.
Les victimes, étudiantes ou employées, sont contactées par des inconnus puis questionnés sur leurs compétences en vente ou en informatique, avant de leur proposer un emploi dans l’e-commerce. Le piège? Des postes à pourvoir dans des entreprises en Thaïlande pour un salaire confortable, avec des avantages en nature. Afin de gagner la confiance des victimes, de faux entretiens sont organisés à distance avec de prétendus responsables.
Une fois enrôlés, les victimes vivent l’enfer. Des heures de travail interminables, tortures et autres atrocités ont été rapportés. Le Procureur général du Roi près la Cour d’appel de Casablanca a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire, confiée à la Brigade Nationale de la Police Judiciaire (BNPJ), à la suite de la séquestration de ressortissants marocains par des bandes criminelles opérant en Birmanie, dans les zones frontalières avec la Thaïlande.