Le Marocain qui voulait conquérir la Hollande

A la tête de la Gauche verte, le Maroco-Néerlandais Jesse Klaver est la star montante de la politique aux Pays-Bas.

Jesse Klaver, jeune leader de la gauche néerlandaise


Physiquement, la ressemblance avec Justin Trudeau est frappante. Même airs de jeune premier ténébreux, et une allure qui, dans une autre vie, aurait pu faire florès à Hollywood. Mais si Jesse Klaver est aujourd’hui comparé au premier ministre du Canada, c’est d’abord en raison de son engagement en faveur d’un idéal de société juste et équitable, et pour un modèle de vivre-ensemble où tout un chacun puisse trouver voix au chapitre, indépendamment de ses origines.

À la tête du parti de la Gauche verte (GL), ce jeune trentenaire originaire du Maroc par son père est considéré comme le nouveau leader de la gauche néerlandaise, à l’heure où le Parti socialiste (SP) et le Parti du travail (PvdA), représentants classiques de la classe ouvrière, ne cessent d’essuyer les débandades.

Ces derniers ont ainsi vu, aux dernières élections municipales le 21 mars 2018, leur électorat chuter de respectivement 30 et 26% (pour un score total de 4,5 et 7,3%), tandis que la formation conduite par M. Klaver voyait le sien augmenter de 64%, pour atteindre un taux de 8,4%. C’est simple: de mémoire de Néerlandais, jamais un parti estampillé «écolo» n’avait enregistré de tels chiffres. La GL s’est même permis le luxe de rafler la municipalité de la capitale, Amsterdam, ou encore Utrecht, quatrième ville du pays. Pour le parti, l’élection a, pour le moins, été «historique». «Il s’agit d’une étape importante vers le devenir de grand parti populaire que nous voulons être,» a commenté M. Klaver, aussitôt les premiers chiffres ébruités.

Une communication rodée
Ce dernier peut bien se gargariser de ce résultat, puisqu’avant lui, la GL était reléguée au rang de parti folklorique, n’existant que pour apporter un tant soit peu de concurrence au sein d’un paysage politique dominé par les seules droite et gauche traditionnelles; ses meilleurs scores datant de la fin des années 1990 (autour de 7% d’électeurs). Mais depuis son arrivée aux commandes -en mai 2015- et grâce notamment à une communication très rodée sur les médias sociaux (d’aucuns le comparent, sur ce point, à l’ancien président américain Barack Obama), la formation qui a entre autres été fondée sur les décombres du Parti communiste des Pays-Bas (CPN) -en mars 1989- prétend à bien plus et paraît à l’heure actuelle la seule capable de faire pièce à l’extrême droite, qui tend de plus en plus à dominer le vote, galvanisée en cela par les élans xénophobes du Parti de la liberté (PVV) de l’islamophobe et anti-Marocain Geert Wilders (ce dernier avait traité, en février 2017, la communauté marocaine de «racaille»).

À la rhétorique de ses adversaires, M. Klaver oppose l’idée de Pays-Bas «terre d’immigration». «On devrait être jugé sur ce que notre futur représente, pas sur la base de nos origines,» défend-il. Du Maroc, M. Klaver ne connaît pas grand-chose, puisqu’il n’a jamais connu son père et a été élevé par sa mère d’origine indonésienne. Seul son deuxième prénom, Feras, est là pour rappeler son ascendance chérifienne. Il ne renie pour autant pas sa marocanité et y voit, au contraire, un argument fort en faveur de ses idées.

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