De l’électricité moins chère pour industriels
À 27 ans, Karim El Alami développe une plateforme de gestion intelligente de l’énergie, produite et stockée localement par les industriels. Le but est d’offrir une alimentation en énergie renouvelable sans interruption au meilleur coût.
De l’énergie solaire pour réduire la consommation d’énergie, une charge fixe qui pèse lourd sur la performance et la rentabilité des industriels notamment, c’est bien. Mais que dire lorsqu’on sait qu’il existe une solution qui permet de réduire le coût de cette énergie solaire tout en éliminant les microcoupures d’électricité qui naissent d’un déséquilibre entre la demande et l’offre en énergie?
C’est exactement ce que propose l’entreprise Elum Energy, du jeune entrepreneur marocain Karim El Alami, 27 ans. Lui et son cofondateur français, Cyril Colin, ont développé Energy OS, une plateforme d’intelligence artificielle, un logiciel de gestion de micro-réseaux électriques locaux permettant du stockage de l’énergie, automatisant les réductions de facture pour les acteurs industriels et commerciaux. L’expérience a été menée dans une usine de la ville de Tanger, où le premier «système panneaux solaires - batteries» a été déployé, avant d’intéresser les industriels de Tanger et d’ailleurs. «Tout se gère entre les panneaux solaires, les batteries et le réseau électrique. En gérant l’énergie entre ces systèmes, on arrive à offrir aux bâtiments industriels et commerciaux une réduction de facture énergétique et, en même temps, à garantir une fiabilité par rapport au réseau, c’est-à-dire éviter les petites coupures d’électricité puisque nos batteries assurent l’alimentation en électricité jusqu’à une heure», explique Karim El Alami, cofondateur de la start-up Elum Energy.
L’objectif est la réduction de la facture de l’électricité pour l’industriel de 20%, une réduction de gaz à effet de serre de 30%, provenant de sa consommation électrique et une sécurisation de son alimentation en éliminant les microcoupures qui sont problématiques pour certaines industries au Maroc. Mais comment? «Nous installons des capteurs intelligents qui permettent de visualiser la consommation en temps réel du bâtiment. Grâce à cela, nous pouvons détecter des gisements d’efficacité énergétique importants. Nous exploitons ensuite ces données pour dimensionner et déterminer le bon nombre de panneaux photovoltaïques et batteries, afin d’optimiser la réduction de la facture. Ensuite, nous mettons en place le logiciel qui va déterminer la meilleure allocation d’énergie entre la production solaire, la consommation du bâtiment dans les 24 prochaines heures, ainsi que les tarifs en vigueur y correspondants», explique Karim.
Efficacité énergétique
Les batteries vont alors devoir charger et décharger l’énergie au moment où le tarif de l’électricité est moins cher. Ainsi, les industriels vont consommer moins d’électricité et réduire les dépenses. C’est un système qui permet ainsi de donner des ordres de charge et de décharge afin d’acheter sur des périodes pas chères et ne pas acheter sur le réseau pendant les périodes chères.
Un succès foudroyant pour cette jeune start-up qui vient de boucler sa première année. Une startup qui a déjà réussi à implémenter un logiciel de mesure dans une usine à la Zone franche de Tanger, avec détection d’un gisement d’efficacité énergétique de 25%, des études technico-économiques pour le compte d’industriels miniers, des tours de télécommunication, des stations-services et des agences bancaires au Maroc et en Afrique et l’implémentation d’un logiciel Energy OS dans une usine en Belgique et prochainement dans une usine à la Zone franche de Tanger. Heureux sont les jeunes associés, tous deux diplômés de l’École Polytechnique (France) et de l’Université UC Berkeley en Californie (Etats-Unis). Une amitié qui a débouché sur une relation professionnelle durable. «Quand nous avons participé le 18 juillet 2016 à la MedCop Climat, nous avons reçu plusieurs personnalités parmi lesquelles Ilyas El Omari, président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Meryem Bensalah, présidente de la CGEM, et l’ambassadeur de France au Maroc, Jean-François Girault. Nous avons également échangé avec des entreprises sensibles à la question de l’efficacité énergétique et à l’utilisation des énergies propres», confie Karim El Alam.
En plus de Tanger, l’entreprise est déjà présente à Casablanca. Karim assure que son innovation Energy Os est en cours d’être brevetée, malgré toutes les complications rencontrées du fait qu’il s’agit d’un logiciel. Ce système innovant sera également déployé au Nigéria, en Tanzanie, au Burkina Faso, en Guinée et au Sénégal. Un transfert de technologie sud-sud.