Les populations des zones frappées par le froid croisent les doigts, les autorités se mobilisent
Au Maroc, l’hiver est toujours attendu, notamment pour ses pluies bénéfiques à une économie encore très dépendante de l’agriculture. Seulement, ce qui peut être une source de salut pour certains constitue pour d’autres Marocains, notamment ceux vivant dans les zone enclavées et extrêmement froides, l’augure d’une énième saison de calvaire, de problèmes, voire de drames.
Il faut dire que dans le Maroc de 2016, le froid, les fortes chutes de neige, mais surtout ce qui en résulte bien évidemment, continue encore de frapper fort et menacer des vies. Pour éviter le pire, littéralement, puisque les fortes baisses de températures en période hivernale ont déjà entrainé des cas de décès dans le passé, différents acteurs se mobilisent depuis plusieurs jours.
Situation de précarité
Cette année, les chutes de neige sont plutôt précoces. Une couche blanche couvre déjà de vastes parties du Grand et Moyen Atlas. Voir le mercure frôler le zéro n’a rien de surprenant. C’est justement cette belle couche de neige qui taraude les esprits des populations locales. Dans les dizaines de douars près de Khenifra ou Midelt, la nature vient enfoncer le clou et complique davantage la situation de précarité dans laquelle vivent ces populations. Dans ces conditions, l’approvisionnement en denrées essentielles pour la vie quotidienne de ces damnés des montagnes et du froid devient une mission extrêmement difficile. Aliments, médicaments et autres produits de première nécessité deviennent la première préoccupation de habitants de ces régions.
Ces tourments, les habitants des régions enclavées, particulièrement du Moyen et du Grand Atlas les endurent depuis la nuit des temps. Mais il a fallu attendre 2007 pour que l’opinion publique découvre une catégorie de Marocains écrasés par les aléas de la nature. Cette année-là, le petit douar d’Anfgou, situé à 120 kilomètres au sud de la ville de Midelt, fait la une des journaux, mais pour la plus atroce des raisons. Plus d’une trentaine d’enfants y trouvent la mort, touchés par une épidémie et privés de soins à cause des difficultés logistiques et climatiques les empêchant de se procurer un traitement.
Un douloureux souvenir
Perché à plus de 2.500 mètres d’altitude, ce modeste village constitué de maisons de fortune est devenu alors, il y a une décennie, le symbole d’un profond malaise qui hante ce que beaucoup appelle le Maroc profond, le Maroc «inutile».
Mais les vies de ces enfants n’auront pas été sacrifiées en vin, puisque depuis, les consciences se sont réveillées, et un travail s’est fait et continue de se faire, bien qu’il soit encore insuffisant pour sortir les populations de ces contrées de leur isolement mortel. Ce tristement célèbre hameau d’un peu plus de 3.000 habitants a été doté de plusieurs infrastructures de base, dont notamment une route, une école primaire et même le raccordement au réseau d’eau et d’électricité.
© ph:DR
Il faut dire que les visites successives du roi Mohammed VI sur place, en 2008 et en 2009 ont eu de l’effet. Pour éviter les scénarios tragiques du passé, un hôpital militaire mobile a été mis en place, fin novembre 2016, dans la localité d’Anfgou suite à des instructions royales pour la mobilisation en vue de faire face à la chute importante des températures dans certaines régions du Royaume.
Le 21 novembre, le souverain avait lancé les efforts pour lutter contre le froid de l’hiver 2016-2017 en donnant ses instructions aux ministères de l’Intérieur et de la Santé, aux Forces Armées Royales, à la Gendarmerie royale et à la Fondation Mohammed V pour la Solidarité, en vue de se mobiliser pour faire face à la chute importante des températures que connaîtront certaines régions du Royaume, en particulier le Moyen et le Grand Atlas.
D’ailleurs d’autres hôpitaux de campagne devront être installés dans les provinces d’Azilal, Khénifra et Midelt et toutes les mesures seront prises, en coordination avec les autorités locales, pour apporter l’assistance nécessaire aux populations concernées de façon à garantir leur sécurité et leur quiétude, souligne le ministère dans un communiqué parvenu à Infomédiaire Maroc. Des actions humanitaires ont été également initiées par la Fondation Mohammed V pour la solidarité dans les zones affectées par la vague de froid dans la province de Midelt.
Plan d’action
Des opérations d’hébergement ont été aussi menées par les autorités locales en coordination avec les départements ministériels concernés au profit des personnes sans abri, dans les centres d’accueil relevant de la région de Drâa-Tafilalet. Les différents services concernés au niveau de la Wilaya se sont mobilisés pour apporter l’assistance nécessaire aux populations touchées de façon à garantir leur sécurité et leur quiétude.
Également, la Fondation Mohammed V pour la solidarité s’est impliquée dans les efforts en faveur des régions montagneuses enclavées, à travers une caravane, qui venait de faire escale, le 28 novembre 2016, dans la commune d’Ait Tamlil dans la province d’Azilal. L’objectif étant de venir en aide aux populations de ces régions touchées par la vague de froid et la chute de neige.
Ainsi, les actions comprennent la distribution de couvertures et de denrées alimentaires (sucre, huile, thé, lait, légumineuses...) aux bénéficiaires. Cette opération devait profiter à 5.646 familles de 78 douars répartis sur l’ensemble du territoire de la province d’Azilal, l’une des plus impactées par les vagues de froid sur tout le territoire national.