Le gaspillage d’eau est une réalité qui contraste avec le stress hydrique que connait le Maroc et qui prive nombre de villes et de patelins d’eau potable. Cependant, il faut s’attaquer au mal à la racine: La consommation excessive d’eau de secteurs économiques comme l’agriculture.
Faut-il s’inquiéter? La réponse est affirmative. L’eau au Maroc devient rarissime et beaucoup de villes et de régions en sont privées pendant de longues heures par jour. Cette fois-ci, l’alerte est à prendre au sérieux. Pour le ministère de l’Équipement et de l’Eau, on est en état «d’urgence hydrique». Les barrages sont à leur taux de remplissage le plus bas (30,2%).
Il est devenu impératif de dire «stop au gaspillage de l’eau». C’est d’ailleurs l’intitulé de la campagne lancée par Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’eau depuis le 30 juin 2022. Une campagne qui durera deux mois et qui a pour objectif de «tirer la sonnette d’alarme» face à la sécheresse que connait le Maroc et de faire prendre conscience aux citoyens de l’urgence de la situation.
Elle fait témoigner des personnes qui parlent de leur situation actuelle et de la difficulté qu’elles ont à trouver de l’eau à boire et des conséquences de cela sur leur quotidien. Nizar Baraka a rappelé à cette occasion, qu’au-delà des nombreuses mesures à court et moyen termes, qui ont été mises en oeuvre par le ministère pour garantir l’approvisionnement des populations en eau potable, «aujourd’hui, l’eau est devenue rare et chaque goutte compte. Une consommation responsable de l’eau devient donc un acte citoyen et de solidarité nationale».
La campagne s’adresse à l’ensemble de la population, aussi bien aux urbains qu’aux personnes habitants en zone rurale, mais également aux agriculteurs. Elle sera diffusée sur les télévisions nationales et les réseaux sociaux avec l’ultime objectif de renforcer la prise de conscience de la société marocaine pour mieux réussir ce challenge collectif face à la pénurie de cette ressource vitale.
Renforcer la prise de conscience
Le message est adressé non seulement aux particuliers et aux ménages mais aussi et surtout aux opérateurs économiques. La structure de l’économie marocaine révèle la présence de secteurs qui exploitent beaucoup d’eau sans que cela ne soit justifié par leur rendement. Une agriculture dont une grande partie de la production est exportée à l’étranger et particulièrement en Europe. Une étude publiée en septembre 2022 par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), intitulée «Modélisation de la consommation en eau intersectorielle dans l’économie marocaine», montre que l’agriculture pèse pour 87% dans la consommation directe annuelle en eau.
Elle est suivie des secteurs Administration publique/éducation/santé (5%), le BTP (2%), le commerce (1%), l’électricité & eau (1%) et, enfin, le secteur de l’hôtellerie et de la restauration (1%). En outre, la même étude souligne que «la consommation d’eau dans les secteurs de l’agriculture et de la pêche/aquaculture est élevée par rapport à leurs productions respectives.» Sans oublier les terrains de golf qui sont arrosés jour et nuit pour le grand plaisir d’une poignée de richissimes.