Le Maroc poursuit le journaliste espagnol Ignacio Cembrero pour diffamation et espionnage

L'arroseur arrosé

C’est au tour du Royaume d’ester en justice le journaliste espagnol Ignacio Cembrero pour espionnage de personnalités espagnoles et autres par le truchement du logiciel Pegasus. Ce n’est pas tout. Le Royaume indique que les propos du journaliste ont dépassé le cadre de la critique politique légitime.

Accusé sans preuves par le journaliste espagnol Ignacio Cembrero d’avoir espionné plusieurs personnalités de par le monde via le logiciel israélien Pegasus, c’est au tour du Maroc de poursuivre son accusateur en justice, présenté (à tort ou à raison) comme spécialiste du Maghreb, pour espionnage de personnalités espagnoles et autres par le truchement du même logiciel, rapporte la presse espagnole le 3 juillet 2022. Ce n’est pas tout. Le Royaume indique dans sa plainte déposée le 27 avril précisément que les propos du journaliste ont dépassé le cadre de la critique politique légitime.

La plainte affirme que l’accusation pourrait même «provoquer une diminution du tourisme national». La défense du Maroc, en l’occurrence le cabinet d’avocats Ernesto Díaz-Bastien basé à Madrid, a eu recours à une procédure civile pour que le juge déclare si l’ex-journaliste d’El Pais et d’El Mundo «ne détient pas ou a détenu le statut de victime d’un acte d’espionnage (malware Pegasus)», selon le procès auquel El Independiente a eu accès. Le tribunal numéro 72 de Madrid a donné, le 23 juin, soit vingt jours ouvrables à Cembrero pour comparaître au procès afin de répondre des faits qui lui sont reprochés.

La cabinet Ernesto Díaz-Bastien a déposé la plainte accompagnée de différentes publications dans la presse où Ignacio Cembrero a accusé le Maroc d’espionnage de son mobile. Pour rappel, Cembrero a fait référence à l’enquête de juillet 2021 de Forbidden Stories, un groupe de recherche basé à Paris qui rassemble 17 grands médias et collabore avec Amnesty International dans des enquêtes journalistiques transnationales. Le groupe a rendu public une liste de 10.000 numéros de téléphone, presque tous appartenant à des Algériens et à des Français, y compris des chefs d’État, des militants et des journalistes, dont M. Cembrero, ciblés avec le logiciel espion Pegasus.

Crédibilité perdue
M. Cembrero, qui devra désormais, apporter les preuves de ses allégations, a beaucoup perdu de sa cote. En 2014, visé par une plainte déposée par le Maroc contre lui en Espagne pour apologie du terrorisme, le journaliste a perdu son blog, «Orilla Sur» («rive sud»), quatorze ans d’expérience et nombre important de ses amis. Il a eu même des quiproquos avec ses ex-employeurs.

Après cette descente en enfer, M. Cembrero s’en est alors pris au Maroc, de manière systématique et effrénée. Il n’a trouvé d’autre employeur que le site El Confidentiel, qui se soucie peu du recoupement des informations que le «célèbre» journaliste publie. Dans la dernière infox qu’il a bidouillée, il a avancé que Abdellatif Hammouchi, DG de la Sûreté nationale, aurait rencontré la nouvelle patronne du CNI, les renseignements extérieurs espagnols, lors de son dernier déplacement à Madrid, pour «arranger les choses» entre les deux royaumes, sur fond du dossier Pegasus, en citant des sources «proches de la réunion».

Beaucoup de balivernes pour lesquelles il devrait être poursuivi en justice car s’il y a une chose qui fait perdre au métier de journaliste sa crédibilité, ce sont les rumeurs et les fake news.

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