Le Maroc gagne des places dans le classement Doing Business


Des avancées qui cachent des faiblesses


Le Doing Business de la Banque mondiale a révélé une amélioration du classement du Maroc qui cache des régressions par rapport à certains indicateurs liés au climat des affaires.

Le Maroc s’est classé au 69e rang mondial d’après le rapport Doing Business 2018, qui évalue la réglementation des affaires et son application effective dans 190 économies et certaines villes au niveau infra-national et régional et qui revêt de l’importance pour les entreprises de la place financière Casa Finance City. Il est le leader incontesté en Afrique du Nord et l’un des leaders en Afrique et zone Mena. Mais ce résultat positif cache des lacunes qui continuent de plomber le classement du Royaume. Ainsi, une analyse des indicateurs notés fait apparaître des inquiétudes.

A commencer par l’accès au financement. Le Maroc est passé du 101e au 104e rang eu égard aux difficultés rencontrées par les PME pour accéder au financement bancaire, souvent conditionné par la présentation de garanties ou d’hypothèques personnelles qui valent trois fois la valeur du crédit demandé sans compter l’obligation d’avoir un apport personnel.

Sur le critère «raccordement au réseau électrique», le Maroc est classé 72e en 2018 contre 57e dans l’édition 2017. Un recul inquiétant au moment où l’on parle d’un raccordement dans le milieu rural proche de 99%. Le règlement de l’insolvabilité, l’un des dix indicateurs notés par le Doing Business 2018, est, lui, lent et coûteux, estiment les rédacteurs du rapport. Avec 34,03 points sur 100, le Maroc y réalise son score le plus bas et se place ainsi au 134e rang, derrière la Tunisie (63e), l’Algérie (71e) et l’Egypte (115e). Le Royaume a perdu trois places par rapport à 2017 (131e).

Justice des affaires
Il en ressort que les créanciers attendent trois longues années pour récupérer une partie des créances, mais pas la totalité. Cela en dit long sur la justice des affaires. Là où le Maroc a encore régressé, on trouve le transfert de propriété et l’obtention d’un permis de construire. Aussi, le Maroc a conservé son 57e rang en ce qui concerne l’exécution des contrats. Cet indicateur renseigne sur le temps nécessaire pour le règlement d’un différend (510 jours en moyenne) depuis l’enclenchement de la procédure auprès d’un tribunal d’un plaignant jusqu’à la réception d’un dédommagement, ainsi que les frais judiciaires et les honoraires des avocats.

Mais ce n’est pas tout. Le classement du Royaume dans le Doing Business a été impacté par la récente hausse des frais de conservation, les plus onéreux de la région Mena et par rapport aux pays de l’OCDE. Les procédures lentes et longues liées à la conservation sont également pointées du doigt. Sans oublier que la réputation du Royaume s’est entachée avec les récentes affaires de spoliation immobilière.

Voici des indicateurs qui révèlent un pan caché de l’environnement des affaires au Maroc. Les faiblesses devront être transformées en points forts. Continuer à les dissimuler ou à maquiller la vérité n’avancera en rien le Maroc, qui a fait des avancées notables en matière de climat des affaires.

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