Malgré le froid qui dure depuis deux ans entre Rabat et Paris, notamment à cause de l’attitude du président Emmanuel Macron, les deux pays conservent des liens profonds qui sont destinés à perdurer et à se développer.
Françaises, Français,
Depuis plus de deux ans maintenant, les relations entre nos deux pays traversent une phase difficile. Absence d’ambassadeur du Royaume à Paris; aucune visite en perspective des deux chefs d’État; une série de déclarations et de campagnes médiatiques françaises hostiles: les signes de cette fâcherie ne cessent de se multiplier. Encore plus depuis la tragédie du 8 septembre 2023 et les polémiques qui en ont résulté à propos du “refus” marocain de l’aide proposée par l’État français.
Face à tout ce cumul, c’est le couple franco-marocain, qui s’est formé et développé au fil des décennies voire des siècles, indépendamment des contextes et du rapport de force entre les deux pays, qui se retrouve désormais remis en question. Sommes-nous arrivés au point du non-retour? Ou est-ce que ce froid qui semble s’installer dans la durée finira-t-il par se dissiper?
À ces questions pressantes et primordiales, nous devons trouver, ensemble, des réponses sans être trop affectés par les récentes déceptions et mésententes sous la présidence d’Emmanuel Macron. L’optimisme, et surtout le bon sens, doivent prévaloir aussi bien de notre côté que du vôtre. Car il est nécessaire de se rappeler que malgré le climat tendu actuel, la réalité des choses montre que les deux pays demeurent intimement liés à tous les niveaux pratiquement, et qu’ils ont par conséquent tout à gagner en se réconciliant, et tout à perdre si la fissure persiste et s’aggrave.
Ces liens profonds sont tout d’abord et surtout d’ordre humain: en 2019 plus de 1,7 millions de Marocains, immigrés ou descendants directs d’immigrés, vivaient en France, ce qui en fait la deuxième diaspora du pays juste derrière les Algériens. Dans l’autre sens, plus de 52.000 Français sont installés au Maroc, sans oublier les millions de touristes qui affluent chaque année sur Marrakech, Fès, Essaouira et autres destinations marocaines très appréciées et prisées dans l’Hexagone.
Ces rapports s’étendent même jusqu’au plus haut sommet de l’État: le roi Mohammed VI se rend lui-même régulièrement en France, notamment à son chateau de Betz, petite commune picarde où le Souverain est très apprécié par la population locale. Tandis que les présidents français, ainsi qu’une grande partie de la classe politique française, ont toujours montré leur attrait pour le Royaume, à l’image de Jacques Chirac et son attachement mythique à Taroudant et sa Gazelle d’Or, ou encore Nicolas Sarkozy et ses séjours à Marrakech, pour ne citer que ces deux-là.
À cela s’ajoutent des relations économiques et culturelles très solides. La France est à titre d’exemple le premier investisseur étranger dans le Royaume et son deuxième partenaire commercial, et la langue de Molière continue de bénéficier d’une place de choix dans plusieurs aspects de la vie quotidienne au Maroc, malgré les appels à la remplacer par l’anglais. Sans oublier que Paris est l’un des principaux fournisseurs d’armes pour les Forces armées royales (FAR), portant ainsi la coopération entre les deux pays jusqu’aux domaines les plus sensibles.
Et puis, par dessus-tout, le Maroc et les Marocains se sont toujours inscrits dans une démarche pragmatique tournée vers l’avenir, dans le cadre de laquelle le rapport avec l’ancien colonisateur, la France, a toujours été basé sur le respect mutuel et l’intérêt commun, loin de tout paternalisme colonialiste d’un côté ou de tentative d’instrumentalisation de la rente mémorielle de l’autre côté comme c’est le cas par exemple avec l’Algérie.
Aujourd’hui plus que jamais, Marocains et Français doivent donc parvenir à la même conclusion: la crise actuelle sera certainement passagère. Elle est la résultante du manque d’expérience d’un président de la République mal conseillé, voire pas du tout conseillé, au sujet du Maghreb et plus particulièrement le Maroc. Un président trop ambitieux qui s’est laissé malheureusement guider par son égo démesuré, son désir de replacer à sa propre manière la France sur l’échiquier international, et surtout par son tropisme algérien aussi incompréhensible que nuisible.
Françaises, Français,
Sauf revirement majeur, nous allons devoir attendre que la parenthèse Macron se ferme pour retrouver la même complicité franco-marocaine au plus haut sommet des deux États. En attendant, nous devons continuer ensemble, main dans la main, à développer nos partenariats sur tous les autres plans. Et vive le couple franco-marocain!