Maroc-Espagne: José Manuel Albares, le nouveau pari diplomatique de Pedro Sanchez

Le remplacement d’Arancha Gonzalez suffira-t-il à recoller les morceaux avec le Royaume? Rien n’est encore moins sûr.

Il ne sera finalement resté que dix-sept mois tous ronds à Paris. De la capitale française, où il occupait depuis le 5 février 2020 le poste d’ambassadeur d’Espagne, José Manuel Albares aura donc été rappelé ce 12 juillet 2021 dans son pays pour succéder à Arancha Gonzalez au poste de ministre des Affaires étrangères.

Une nomination qui, certes, intervient dans le cadre d’un remaniement qui aura vu le secrétaire général du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), Pedro Sanchez, changer douze des trente-et-un responsables ministériels de son gouvernement, mais dans laquelle beaucoup voient un lien de cause à effet avec la crise en cours depuis le 25 avril 2021 avec le Maroc après que la voisine du nord ait ouvert une semaine plus tôt les portes de son hôpital de San Pedro à Logroñes, dans la communauté autonome de La Rioja, au secrétaire général du mouvement séparatiste du Front Polisario, Brahim Ghali, pour qu’il y soit soigné de la Covid-19.

Recoller les morceaux
La gestion qu’a faite Mme Gonzalez de cette crise n’a, en effet, pas vraiment été réussie, la concernée se voyant même tancer, le 27 mai 2021, par l’ambassadrice du Maroc à Madrid, Karima Benyaïch, du fait que, selon elle, “elle continue de présenter des faits erronés et de tenir des propos inappropriés”: la diplomate marocaine faisait référence à “des déclarations” que venait de tenir Mme Gonzalez “à la presse et au parlement” hostiles à la marocanité de la région du Sahara.

“On est (...) en droit de s’interroger si ces dernières déclarations sont une bourde personnelle de madame la ministre, ou si elles reflètent les véritables velléités de certains milieux espagnols contre l’intégrité territoriale du Royaume, cause sacrée du peuple marocain et de toutes les forces vives de la nation,” avait réagi Mme Benyaïch.

Ce qui fait que lorsque le 3 juin 2021 le collègue de Mme Gonzalez et ministre de l’Intérieur espagnol, Fernando Grande-Marlaska, affirmait que la diplomatie “travaille” pour recoller les morceaux avec le Maroc, beaucoup n’y croyaient pas vraiment. Mme Gonzalez se voit donc remplacée en la personne de M. Albares par un diplomate de carrière qui, à l’investiture du gouvernement Sanchez II le 13 janvier 2021 avait déjà vu son nom avancé pour prendre les rênes de la diplomatie espagnole, après avoir notamment été consul à Bogota, en Colombie, et conseiller au sein de la représentation permanente de l’Espagne auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Son arrivée signifiera- t-elle la normalisation des relations avec le Maroc? Ce n’est pas garanti car il ne faut pas oublier que Mme Gonzalez ne reste, au final, qu’un fusible que M. Sanchez ne s’est pas privé de faire sauter alors même que luimême a été impliqué au premier chef dans l’accueil de M. Ghali en Espagne.

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