Entre les deux voisins méditerranéens, beaucoup d’efforts restent à faire pour vraiment dépasser la crise qui a secoué leurs relations bilatérales à partir du printemps 2021.
Un tout petit paragraphe dans le fil d’EFE, l’agence de presse officielle espagnole, absolument rien dans celui de sa pendante marocaine, la Maghreb arabe presse (MAP): l’entretien téléphonique qu’ont eu ce mercredi 22 septembre 2021 le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, et son homologue de la voisine du nord, José Manuel Albares, n’a, pour le moins, pas vraiment bénéficié d’une couverture médiatique extensive. Tout juste sait-on, grâce donc à EFE, que les deux responsables “ont convenu (...) de se réunir prochainement”.
On ne peut toutefois pas dire qu’un dégel n’est pas en cours entre le Maroc et l’Espagne, eux dont les relations ont, rappelons- le, connu une période de crise après la décision du pays ibérique d’accueillir dans un hôpital de la ville de Logroño, et ce en tentant de le cacher au Royaume, le secrétaire général du mouvement séparatiste du Front Polisario, Brahim Ghali, atteint de la Covid-19.
Nommé le 12 juillet 2021 en lieu et place de Arancha Gonzalez, qui, avec le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, avait été à l’origine de cette décision, M. Albares a ainsi, depuis son entrée en fonction, multiplié les gestes d’apaisement envers la partie marocaine, qualifiant régulièrement le Maroc de “pays ami”, tandis que de ce côté-ci du détroit de Gibraltar le roi Mohammed VI avait, dans son discours de la Révolution du Roi et du peuple du 20 août 2021, “form[é] le souhait de continuer à oeuvrer avec le gouvernement espagnol et son président (...) afin d’inaugurer une étape inédite dans les relations entre” les deux voisins méditerranéens. “Désormais, [ces relations] devront reposer sur la confiance, la transparence, la considération mutuelle et le respect des engagements” avait insisté le Souverain.
Propos ambigu
Ce qui, on peut l’imaginer, doit impliquer que l’Espagne sorte de sa “zone de confort” -expression utilisée à deux reprises au début de l’anné 2021, avant même le déclenchement de la crise, par M. Bourita- et, plus concrètement, tranche par rapport à sa position sur le différend autour du Sahara marocain, au lieu de continuer à se défiler en invoquant le discours habituel relatif au soutien du processus de paix mené sous la supervision de l’Organisation des Nations unies (ONU) dans la région.
Or, à cet égard, M. Albares avait encore tenu, dans une interview publiée le 12 septembre 2021 dans le quotidien El Pais, un propos ambigu, se contentant de rappeler qu’“il existe une série de résolutions du conseil de sécurité et [que] l’Espagne évolue dans le cadre de ces paramètres”.
Car il faut dire qu’en même temps, le gouvernement Sanchez essaie de ménager l’Algérie, dont il dépend en partie pour son approvisionnement en gaz, ce qui l’avait d’ailleurs poussée à donner son feu vert à l’hospitalisation de M. Ghali. On pourrait, dans ce sens, qualifier sa posture de funambulesque, ce qu’avait justement illustré l’entretien de M. Albares dans El Pais, où tout aussi bien la voisine de l’Est que le Maroc avaient été désignés en tant que “deux grands pays, deux partenaires stratégiques et deux pays amis”. La rencontre à venir entre MM. Bourita et Albares, dont les détails n’ont pas vraiment filtré, semble de ce fait, pour l’instant, loin de pouvoir promettre une détente complète...