Résolution du conseil de sécurité sur la situation concernant le Sahara Marocain

Le Maroc, bien dans son Sahara


Encore une fois, la plus haute instance onusienne a accordé la prééminence à l’initiative marocaine pour la négociation d’un statut d’autonomie. Le vent a bel et bien tourné en faveur du Maroc, il ne reste qu’au Polisario et à son parrain algérien à le comprendre.

Réputé modeste, dans le public comme dans le privé, Omar Hilale n’est pas du genre à bomber le torse. Mais le représentant permanent du Maroc auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) ne pouvait pas se priver de le faire à la suite du vote du lundi 30 octobre 2023 du Conseil de sécurité prorogeant d’un an le mandat de la Minurso, la mission de paix onusienne dans la région du Sahara marocain. C’est que le texte adopté par 13 voix pour et deux abstentions -celles du Mozambique et de la Russie- crédite de façon claire et sans ambages les thèses du Maroc, en donnant encore une fois la primauté à son initiative pour la négociation d’un statut d’autonomie mise sur la table depuis avril 2007, et surtout, en ne faisant aucun cas, pour la vingt-deuxième année consécutive, au soi-disant référendum d’autodétermination que cherche encore vainement à mettre sur le tapis le mouvement séparatiste du Front Polisario et son parrain algérien.

Vision et choix stratégiques
“Cette résolution conforte la vision et le choix stratégiques de Sa Majesté le Roi, en faveur de la négociation, le règlement pacifique des différends et la politique de la main tendue, et ce conformément au chapitre VI de la Charte des Nations unies et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité,” a, ainsi, déclaré M. Hilale. Ce qu’il y a d’abord lieu de souligner, c’est que cette nouvelle résolution du Conseil de sécurité est intervenue à un moment où le Maroc jouit, plus que jamais, d’un soutien presque unanime sur la scène internationale, si ce n’est une trentaine de pays qui persistent à maintenir une position hostile généralement héritée de l’époque de la guerre froide, où le Polisario pouvait encore se faire passer pour le mouvement de libération nationale qu’il n’a, de toute façon, jamais été (il n’a jamais été reconnu en tant que tel, même au niveau de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) puis de l’Union africaine (UA)).

Sans l’Algérie, il y a fort à parier qu’il y a bien longtemps que l’affaire “polisarienne” aurait sans douté été expédiée. De l’autre côté, s’il est vrai qu’en dehors des pays qui disposent depuis décembre 2019 de consulats au Sahara marocain, en plus des Etats-Unis et d’Israël -qui reconnaissent officiellement la marocanité du territoire depuis décembre 2020 et le 17 juillet 2023, respectivement-, le Maroc n’a pas encore imposé, de jure, son intégrité territoriale à tout le monde, il a tout de même fait en sorte que son plan d’autonomie soit clairement identifié comme la seule voie de sortie réaliste, à l’heure actuelle.


Et le réalisme est, justement, le critère que mettent en avant depuis plus de quinze ans les différentes résolutions du Conseil de sécurité; depuis que l’ancien envoyé personnel du secrétaire générale de l’ONU au Sahara marocain, Peter van Walsum, l’avait spécifiquement utilisé pour signifier de façon franche à la communauté internationale que “l’indépendance du Sahara occidental (sic) n’était pas une proposition réaliste” (propos qu’il avait tenu en avril 2008 face au Conseil de sécurité, à qui il présentait son rapport annuel en vue de décider de la prolongation de la Minurso).

Soutien historique
Ainsi, une posture qui est devenue automatique de la part des pays qui ne veulent pas trop se mouiller, et c’est en fait le cas de tous ceux qui ne reconnaissent pas la pseudo “République arabe sahraouie démocratique” (RASD) et qui donc se positionnent sans le moindre ambages du côté des thèses du Polisario, est de mettre systématiquement en avant le plan d’autonomie. C’est d’ailleurs pratiquement le cas de l’ensemble des membres permanents du Conseil de sécurité, à l’exception notable de la Russie, qui, toutefois, et même si depuis juin 2021 elle appelle de nouveau officiellement à la tenue d’un référendum -en réaction contre la reconnaissance américaine-, “tient dûment compte” de ce que dit le Maroc, selon les propres propos du président russe Vladimir Poutine, tel qu’il les avait formulés en mars 2016 au roi Mohammed VI lorsqu’il l’avait alors reçu au Kremlin.

Du côté des autres “grandes puissances” et en dehors donc des Etats-Unis, on voit, ainsi, une neutralité positive manifeste; celle de la Chine et du Royaume- Uni, exprimée à chaque rencontre de leurs chefs de la diplomatie avec leur homologue marocain, Nasser Bourita; et surtout de la France, dont on redoutait un lâchage du fait de la crise sourde qui alimente la chronique bilatérale depuis un certain temps mais qui, par la voix de son représentant permanent, Nicolas de Rivière, a réitéré son “soutien historique, clair et constant de la France au plan d’autonomie marocain” juste après le vote du Conseil de sécurité, afin de justifier son appui au texte. Enfin, si elles n’ont pas le même pouvoir d’influence au niveau des plus hautes instances de l’ONU, l’Allemagne et l’Espagne, qui ne sont tout de même pas n’importe quels pays en termes de poids sur l’échiquier international, se sont, au cours des dernières, ralliés de façon inédite au Maroc, le gouvernement espagnol étant allé jusqu’à considérer, en mars 2022, le plan d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend autour du Sahara marocain (raison pour laquelle l’Algérie avait suspendu, quelque quatre mois plus tard, le traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération qu’elle avait conclu en octobre 2022 avec le royaume ibérique).

“Le Polisario est, en somme, une cause perdue”, tranche, sans hésiter, un diplomate d’un pays ami du Maroc consulté par les soins de Maroc Hebdo. “Un “Etat” sahraoui, cela peut amplement se faire sous souveraineté du Maroc, dont le plan prévoit bien que la population de la région puisse disposer d’un pouvoir d’influence législatif, exécutif et judiciaire propre et d’avoir la pleine disposition de ses destinées. Dommage pour les dirigeants du Polisario qu’ils laissent passer le train. Un jour peut-être, rebuté, le Maroc pourrait bien retirer sa proposition, et le Polisario ne pourra alors s’en prendre qu’à lui-même.”

De son côté, le ministère des Affaires étrangères renvoie, quand on lui pose la question, automatiquement aux déclarations tenues par M. Hilale à l’issue du vote du Conseil de sécurité, mais acceptant de s’exprimer sous le sceau de l’anonymat, un responsable diplomatique national a tenu à replacer le différend autour du Sahara marocain dans son contexte véritable, à savoir celui d’une “guerre fratricide” -ce sont ses mots- entre le Maroc et l’Algérie, où le Polisario n’a aucun rôle notable à jouer, en formulant l’espoir que la partie algérienne accepte la main tendue par Mohammed VI depuis cinq ans en vue de constituer un mécanisme politique conjoint de dialogue et de concertation. “Ce serait un grand pas en avant pour notre région, pour son évolution, et surtout pour nos peuples”, assure-til. Pour l’heure, il semble hélas que cela ne puisse être qu’un simple voeu pieu...

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