Le Maroc attire les industriels de l'espace


Le secteur aéronautique croît de 15 à 20% chaque année


Boeing, EADS, Bombardier, Thalès, …Les plus grands champions aéronautiques mondiaux choisissent le Maroc pour implanter leur écosystème industriel. Notre pays est ainsi devenu, en quelques années, un véritable hub industriel dans la région.

Outre l’automobile, la filière aéronautique est, incontestablement, la plus prospère et la plus dynamique dans une économie marocaine toujours marquée par la forte prédominance de l’agriculture. Mais l’aéronautique, vu certainement son caractère tourné vers le futur et la haute technologie, enthousiasme davantage les industriels étrangers. Présents en masse lors des dernières rencontres Aerospace Meetings, organisées à Casablanca, du 17 au 19 octobre 2017, les opérateurs aéronautiques ne cachent plus leur préférence pour le Maroc, qu’ils considèrent comme la terre d’investissement la plus ouverte et la plus crédible dans la région. En quelques années seulement, de grands champions aéronautiques internationaux se sont installés à Casablanca.

De Safran à Stelia en passant par Latécoère ou encore le géant canadien Bombardier, ils ont préféré le Maroc pour développer leurs activités industrielles destinées à l’Afrique et au monde arabe. Notre pays est ainsi devenu un véritable hub industriel régional qui permet aux plus grandes sociétés européennes et américaines de conquérir l’Afrique. Animé par des ambitions internationales fortes, Bombardier a concrétisé son projet marocain en installant à Casablanca une usine d’aérostructure, ouverte depuis début 2015 pour un investissement de 200 millions de dollars d’ici à 2020. Le géant américain Boeing n’est pas en reste. Son président, Raymond L. Conner, qui était en visite au Maroc fin septembre 2016, avait signé, en présence de S.M. le Roi Mohammed VI, à Tanger, un partenariat industriel stratégique pour l’implantation dans la ville du Détroit d’une zone industrielle spécialisée pour les sous-traitants de Boeing.

Un projet titanesque
Cent-vingt fournisseurs de Boeing doivent s’installer dans cette zone industrielle, aux allures d’un écosystème, permettant la création de 8.700 nouveaux emplois spécialisés. A terme, ils devraient contribuer à augmenter les exportations du Maroc dans le domaine aéronautique d’un milliard de dollars. Selon plusieurs sources au ministère de l’Industrie et du commerce, les équipes de Boeing s’activent pour la mise en place de ce projet titanesque qui va propulser le Maroc au rang des pays avancés dans le domaine aéronautique.

Autre récent projet d’envergure: celui du groupe français Thalès, spécialisé dans l’électronique, la sécurité, la défense et l’aérospatial. Ce dernier a, en effet, inauguré, en septembre 2017, sa nouvelle usine d’impression 3D, installée à Nouacer, dans la banlieue de Casablanca. Cette plateforme ultra équipée, réalisée pour un investissement de 20 millions d’euros, va répondre dans un premier temps aux besoins de ses bureaux d’études à travers le monde.

Aujourd’hui, la base aéronautique marocaine, crédibilisée par la présence de plus de 90 opérateurs de référence internationale, connaît une nouvelle phase dans son développement avec l’arrivée de nouveaux métiers ainsi que l’intégration de technologies et de valeur ajoutée. Au cours des dix prochaines années, l’industrie aéronautique devrait générer près de 20.000 emplois. Le groupement des industries marocaines aéronautiques et spatiales (GIMAS), qui réunit l’ensemble des opérateurs du secteur, tout en jouant son rôle de fédérateur et de facilitateur pour ses membres, se positionne comme le partenaire privilégié du secteur public pour la stratégie de développement du secteur aéronautique et la mise en oeuvre du Pacte pour l’émergence industrielle.

Maintenance avion et moteur
Son actuel président, Karim Cheikh, qui a succédé, en décembre 2016, à Hamid Benbrahim El Andaloussi, déploie une grande énergie pour renforcer son rôle d’interface entre les investisseurs et les autorités marocaines. Ancien directeur commercial de la RAM, Hamid Benbrahim El Andaloussi est considéré comme l’homme qui a développé l’industrie aéronautique dans notre pays. Grâce à son talent de brillant négociateur, il est, en quelque sort, celui qui a convaincu la plupart des opérateurs étrangers à venir s’installer au Maroc. Sur le plan institutionnel, il faut dire que le Maroc n’a pas lésiné sur les moyens pour dérouler le tapis rouge aux opérateurs internationaux.

Outre les nombreux avantages fiscaux et fonciers concédés par l’Etat, la création en 2011 de l’Institut des métiers de l’aéronautique a été déterminante dans les décisions d’investissement. La capacité de formation de cet institut vient d’être doublée, pour être portée à 1.400 stagiaires par an. Pour le président du GIMAS, il s’agit actuellement d’approfondir la filière autour de quatre écosystèmes: les pièces d’aérostructure, les systèmes électriques et, dans une moindre mesure, l’ingénierie et le «MRO», c’est à-dire les activités de services et de maintenance avion et moteur sur lesquelles le pays fonde de beaux espoirs, notamment en ciblant les compagnies africaines. Un choix délibéré pour assurer une ouverture africaine pour notre plateforme aéronautique.

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