Le Maroc doit améliorer l’insertion des jeunes et des femmes sur le marché de l’emploi. C’est l’une des recommandations de la Banque mondiale dans son rapport sur les tendances et les priorités de cet écosystème au Maroc.
Les défis du marché de l’emploi au Maroc. C’est la thématique sur laquelle s’est penchée la Banque mondiale dans un nouveau rapport intitulé «Morocco’s Jobs Landscape», publié en partenariat avec le Haut-Commissariat au Plan (HCP). D’après l’institution de Breton Woods, la mise en place d’un marché du travail dynamique et inclusif reste un défi persistant dans le Royaume. «Même si le revenu par habitant a doublé entre 2000 et 2018 et que le taux de pauvreté a été divisé par trois sur la même période, les créations d’emplois n’ont pas suivi. En outre, le marché du travail subit actuellement le choc de la pandémie de Covid- 19», indique-t-elle.
L’étude met en exergue le fort taux d’inactivité sur le marché local, où 55% d’adultes sont exclus de la population active. Un pourcentage jugé trop élevé par rapport aux réalités observées dans les pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), qui possèdent pourtant les taux d’activité les plus bas au monde, souligne la Banque mondiale.
D’après, Jesko Hentschel, directeur des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb, «même si elle constitue depuis longtemps un défi persistant, l’inactivité mériterait une attention particulière. Cette situation affecte le bien-être des individus et de leurs familles et entrave le développement économique du pays. Chez les jeunes, le niveau élevé d’inactivité est particulièrement inquiétant, au regard de l’importance que peuvent représenter les premières expériences professionnelles dans la recherche d’un emploi, et même pour le pays».
Améliorer l’insertion des jeunes
Pour accroître la création d’emplois et la qualité des emplois, les analyses de la Banque recommandent d’améliorer l’insertion des jeunes dans le marché du travail. «Aujourd’hui, environ 30% des 15-24 ans ne sont pas en train de travailler ni d’investir dans leur avenir en se formant. Ces jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation (ou «NEET» selon l’acronyme du terme anglais qui décrit ce phénomène) constituent une source d’inquiétude, comme l’ont souligné à maintes reprises les allocutions publiques du roi Mohammed VI», constatent-ils.
Autre piste préconisée, l’élargissement de la participation des femmes, dont «moins de 30% font partie de la population active», ce qui fait du Maroc «l’un des rares pays de la région MENA où le taux d’activité féminin recule». Le rapport pointe du doigt les importantes disparités qui existent entre les zones urbaines et rurales. «Le taux d’inactivité des femmes est particulièrement élevé dans les villes (plus de 80%).
En milieu rural, elles sont un peu plus présentes, mais leur participation s’est plus nettement érodée. Et elles sont employées dans leur quasi-totalité de manière informelle, souvent au sein d’une exploitation agricole familiale et pour des activités connexes. Leurs options sont particulièrement restreintes».
La Banque mondiale préconise aussi une régularisation du secteur informel, qui polarise actuellement «près de trois salariés sur cinq» au Maroc, en dépit d’une hausse de 600.000 salariés dans le secteur formel entre 2010 et 2019. D’où la nécessité, selon elle, d’améliorer la productivité et les moyens de subsistance de ces acteurs de l’informalité et de leur garantir un régime de sécurité sociale car «la croissance de l’économie ne permettra pas à elle seule de doper fortement les perspectives de travail dans le secteur formel»