Le Mali au cœur d'un cycle de violence infernal

Les 15 et 16 juin 2019, les appels au calme et les messages de soutien aux victimes se sont multipliés dans la capitale malienne. Une foule citoyenne s’est rassemblée devant le Monument de la Paix de Bamako pour un moment d’hommage et de recueillement. Le Haut Conseil islamique du Mali s’est prononcé devant la presse de la ville pour exprimer sa solidarité envers les familles endeuillées du village de Sobane, frappé par une attaque la nuit du dimanche 9 juin.

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta s’est rendu jeudi 13 juin dans le village ; s’il a déclaré qu’il n’y avait « aucune espèce de conflit interethnique », il a cependant reconnu « des manipulations et des actes odieux aux fins de déstabiliser le Mali ».

La Mission de l’ONU au Mali (Minusma) s’est également rendue sur place, et a annoncé avoir dépêché dans le village « une équipe composée d’enquêteurs de sa division des droits de l’Homme et de la protection, mais aussi de la police des Nations unies et de son unité de police technique et scientifique ». Le chef de la Minusma Mahamat Saleh Annadif a affirmé lors d’une  réunion du Conseil de sécurité de l’ONU mercredi 12 juin 2019 que « le cycle infernal de la violence devait être arrêté ». De son côté, le ministre malien des Affaires étrangères, Tiébilé Dramé, a demandé une augmentation du nombre de Casque bleus, la Force de maintien de la paix de l’ONU, au centre du pays.

Un système de vengeance intercommunautaire
Dans la nuit du dimanche 9 juin au lundi 10 juin 2019, une attaque attribuée à une milice peule a tué plus de 95 civils à Sobane Da, un village dogon du centre du Mali. Cette tuerie a fait suite au massacre de 160 Peuls environ le 23 mars à Ogossagou relié à des chasseurs dogons, dans cette même région du pays.

Les Peuls sont un peuple établi dans toute l’Afrique de l’Ouest et au-delà du Sahel, sur une quinzaine de pays différents. Les Dogons, eux, sont un peuple du Mali, dont la population totale est estimée à 700 000 ; ce sont avant tout des cultivateurs et des forgerons. Ces deux grands peuples vivaient d’échanges de leurs denrées, ce qui rendait donc chaque communauté dépendante des autres. Mais le coup d’Etat de mars 2012 à Bamako a fait s’effondrer l’autorité de l’armée malienne, ce qui a favorisé la multiplication d’affrontements entre les deux groupes ethniques.

Vengeance intercommunautaire
L’attaque de Sobane Da met en évidence l’accélération d’un système de vengeance intercommunautaire incontrôlé. « Ils ont brûlé vif les habitants dans leurs maisons. Tous ceux qui ont tenté de fuir ont été abattus », a déclaré Ali Dolo, maire de la commune dont dépend le hameau.


L. HOARAU

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