La majorité parlementaire s'en prend à son chef de gouvernement

Le soutien au produit national et les effets d’annonce

Le made in Morocco est toujours affaibli par rapport au produit importé dans les appels d’offres publics. Ce qui justifie l’inquiétude des groupes parlementaires de la majorité qui exigent d’El Othmani une garantie. Autrement, les effets d’annonce, notamment à l’approche des élections, on en a l’habitude.

C’est soit l’illustration d’une démocratie idéale à laquelle on ne s’est pas habitués soit un paradoxe qui est bien de chez nous! Voilà que les chefs des groupes parlementaires de la majorité s’en prennent à leur chef de gouvernement. Il s’agit en l’occurrence des groupes PJD, Mouvement populaire, Rassemblement constitutionnel et USFP.

Leurs présidents, Ibrahimi, Moubdii, Kamil et Amam, ont déposé au Parlement, le 26 janvier 2021, une question orale adressée à Saâd Eddine El Othmani dans laquelle ils lui demandent quelle évaluation son cabinet fait de la politique gouvernementale relative au soutien au produit national.

Des questions pertinentes, certes, en ce moment où le gouvernement El Othmani et notamment son ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, multiplient les annonces sur la nécessité de protéger et renforcer le produit local et de limiter les importations de l’étranger.

Sauf qu’il aurait pu être plus approprié que ces interrogations légitimes viennent des partis de l’opposition. Au cas où les groupes parlementaires et de la majorité et de l’opposition seraient du même avis, il est à coup sûr que Sâad Eddine El Othmani est dans l’embarras.

Conséquences dramatiques
Car de l’avis de nombre d’industriels, le made in Morocco est toujours affaibli par rapport au produit importé dans les marchés publics. Ce qui justifie la question des groupes parlementaires de la majorité qui exigent une garantie. Autrement, les effets d’annonce, notamment à l’approche des élections, on en a l’habitude.

Une réalité décrite par Mohamed Malal, député USFP, mais également un industriel installé à Casablanca. Une double casquette qui lui attribue une certaine crédibilité par rapport à cette question en particulier: «Le fait de ne pas encourager le produit national et le label made in Morocco impacte sérieusement l’économie nationale, la balance commerciale et la balance des paiements notamment par rapport au volet des importations massives qui induisent une sortie importante des devises.

Cette absence de préférence pour le produit national a des conséquences sociales dramatiques car au final, surtout en cette période de crise, l’emploi en pâtit. Je peux donner un exemple personnel. Mon entreprise exporte des produits d’éclairage LED, notamment en Afrique, mais à chaque fois qu’elle soumissionne à un marché public au Maroc, elle est écartée au profit de sociétés étrangères. Alors que des organismes de l’UE certifient la qualité de nos produits…», se désole-t-il.

Encourager le made in Morocco implique un soutien aux industries locales pour atteindre leur pleine capacité de production et réaliser une économie d’échelle qui leur permette de vendre à un prix compétitif par rapport aux produits similaires étrangers sans sacrifier pour autant la qualité, assurer la couverture du marché local, et in fine exporter, tout en restant compétitifs à l’international.

Mais quelles garanties gouvernementales pour que ce produit local soit prioritaire sur le marché local et que cette production renforcée puisse y être liquidée? Au-delà des annonces, cette question demeure sans réponse.

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