"Pour une maison de l'histoire du Maroc. Histoire, culture, patrimoine"

Voici venu le temps du travail de mémoire institutionnalisé

Le projet d’une «Maison de l’Histoire du Maroc» est de ces repères auquel le peuple marocain pourrait se référer non seulement pour renforcer ses attaches avec ses racines et se conforter dans les perceptions qu’il se fait de lui-même et des autres mais aussi pour scruter l’avenir avec plus de sérénité.

Le projet de la fondation de la Maison (Dar, en arabe) d’Histoire du Maroc, initié par le Conseil national des droits de l’Homme que présidait Driss El Yazami de mars 2011 à décembre 2012, a donné lieu aux actes d’un séminaire, tenu à Casablanca, les 13 et 14 octobre 2021. Actes publiés en 2021 par l’Académie du Royaume du Maroc et les Éditions La Croisée des Chemins.

Ce colloque international a, en effet, réuni toute une pléiade nationale et internationale d’experts, en droite ligne des recommandations de l’Instance Équité et Réconciliation qui le légitiment, comme le légitiment l’impérieuse et pressante demande sociale d’une connaissance apaisée du passé et l’indispensable écriture totale du récit national.

Deux journées durant lesquelles d’éminentes personnalités scientifiques se sont livrées à des réflexions, propositions et méditations sur la création d’«une institution qui permettra à toutes les générations d’apprendre à connaitre l’histoire de leur pays, à l’approfondir, à l’écrire avec objectivité et sérénité dans son ampleur et sa diversité», comme l’a si bien souligné Abdeljalil Lahjomri dans l’avant-propos de cette monumentale publication, riche en textes en arabe et d’écrits en français.

Textes et écrits aussi denses et bien documentés les uns que les autres traitant aussi bien de l’histoire et de l’historiographie que de la culture et de la création au Maroc, en passant par le patrimoine religieux du Maroc, les représentations des communautés berbères du Maroc, les communautés juives du Maroc, les dimensions temporelle et spatiale des migrations internationales à partir, vers et à travers le Maroc, la presse écrite au Maroc, la question patrimoniale au Maroc. Sans oublier la micro-histoire d’un espace participatif: la maison des jeunes de Hay Mohammadi, etc.

Un référentiel symbolique
Institution aussi indispensable que salvatrice, La Maison de l’Histoire du Maroc sera, ainsi, autant un Centre d’études et d’interprétation qu’un espace d’expositions temporaires et permanentes, de présentations d’objets et de documents authentiques et éducatifs, d’organisations de programmes de conférences, et de presses d’édition de récits, de contes et de manuels. Le tout pour faciliter le travail de mémoire en parallèle sinon en partenariat avec les universités, les chercheurs et les militants animateurs de la société civile.

Cette institution représente une expérience-pilote au niveau mondial, nous dit l’historien et le coordinateur scientifique Mohammed Kenbib, dans l’introduction générale de l’ouvrage. «Sa dénomination même (Dar) évoque instantanément un référentiel symbolique, métaphorique et culturel multidimensionnel dans lequel les Marocains se reconnaissent aisément car familier et constitutif de leur personnalité et de leur identité».

Et d’ajouter: «eu égard à toutes ces spécificités, à la vocation qui lui est assignée et aux attentes qu’elle suscite depuis l’annonce de sa création, cette institution, qui se veut ouverte à tous, ne pourrait assurément que contribuer de manière efficiente à la dynamisation de la culture et à sa mise au service du civisme, de la citoyenneté et de la démocratie».

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