Mahmoud Abbas évite de condamner la coopération militaire entre le Maroc et Israël

UNE GRANDE DÉCEPTION POUR ALGER

La visite de Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, en Algérie, n’a pas servi l’establishment algérien, qui comptait énormément sur des déclarations condamnant le rapprochement entre le Maroc et Israël.

“L’invité de marque de l’Algérie”, comme se plaît à le décrire une certaine presse proche du pouvoir, n’a finalement pas joué le jeu trouble des locataires du palais d’El Mouradia. Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, qui y a effectué une visite du 5 au 7 décembre 2021, dans un contexte de fortes tensions entre l’Algérie et le Maroc et quelques jours après la signature d’un accord sécuritaire entre le Royaume et Israël, a évité d’aborder les «accords d’Abraham» conclus en 2020 entre Israël et quatre pays arabes (Emirats Arabes Unis, Bahreïn, Maroc et Soudan).

Ni la réception en grande pompe qui lui a été réservée par le président algérien Abdelmadjid Tebboune à l’aéroport international d’Alger à son arrivée, ni les coups de canons qui ont retenti en son honneur, ni le chèque de 100 millions de dollars qui lui a été remis n’ont incité M. Abbas à se défaire des règles de la bienséance diplomatique et du bon sens.

Dans son intervention le 6 décembre à Alger, lors d’un point de presse avec Abdelmajid Tebboune, le chef de l’Autorité palestinienne s’est également abstenu de pointer du doigt le protocole d’accord de coopération militaire et sécuritaire signé le 24 novembre à Rabat, entre le Maroc et Israël, condamné pourtant par toutes les factions palestiniennes proches de lui, y compris le Fatah et l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Le président de l’Autorité palestinien a tout de même tiré à boulets rouges sur l’«occupation israélienne» et son régime d’«Apartheid».

Un coup dur
Mahmoud Abbas n’a jamais changé son fusil d’épaule s’agissant du Maroc. Il n’avait pas condamné la reprise des relations diplomatiques entre Rabat et Tel-Aviv, actée le 10 décembre 2020, alors qu’il avait réagi à la signature des accords d’Abraham avec les autres pays arabes. Un coup dur pour l’establishment algérien, qui comptait énormément sur des déclarations condamnant le Maroc, notamment à la suite de l’annonce de l’octroi du chèque de 100 millions de dollars.

Le Hamas, qui a dénoncé le rapprochement maroco-israélien, n’a pas eu les faveurs d’Alger. Le chef du mouvement islamiste, Ismail Haniyeh, s’était déplacé en juillet 2021 au Maroc et en Mauritanie, excluant l’Algérie de sa tournée. La «générosité» de Tebboune ou plutôt de ses «patrons» au niveau de la junte militaire n’a pas servi à grand-chose cette fois, car Mahmoud Abbas sait pertinemment le rôle qu’a joué et que continue de jouer le Maroc par rapport à la question palestinienne.

Le régime algérien bâtissait toute une campagne de propagande visant à retirer au Roi Mohammed VI la présidence du Comité Al Qods, de l’Organisation de coopération islamique (OCI), sous prétexte que le Royaume a conclu un accord de coopération militaire et sécuritaire avec l’«entité sioniste», sur les «fruits» de cette visite. Une autre grande déception qui n’arrange en rien la situation en interne pour le pouvoir algérien, dont la légitimité est contestée par le peuple.

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