Maghreb-Europe: Le gazoduc non renouvelé ?

L’Algérie envisagerait sérieusement, à en croire le PDG de sa compagnie pétrolière nationale, la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe en fonction depuis novembre 1996.

Le gazoduc Maghreb-Europe, reliant depuis le 1er novembre 1996 l’Algérie à l’Espagne à travers le Maroc, va-t-il cesser après vingt-cinq ans de service? Le quotidien espagnol El Mundo l’assurait dans son édition du 13 juin 2021, et si depuis plusieurs sources médiatiques ont démenti, il n’en reste pas moins que la partie algérienne semble ne pas l’écarter.

C’est ce qui ressort en tout cas de la sortie de ce mardi 29 juin 2021 du président-directeur général de la Sonatrach, Toufik Hakkar, qui lors d’une conférence de presse consacrée aux résultats de la compagnie pétrolière nationale algérienne a affirmé qu’ont été “pris[es] toutes les dispositions nécessaires en cas de non renouvellement du contrat d’excellence du gazoduc concerné”.

“Même en cas de non renouvellement de ce contrat qui prend fin en octobre [2021], l’Algérie pourra fournir l’Espagne, mais également répondre à une éventuelle demande supplémentaire du marché espagnol sans aucun problème,” a-t-il déclaré. Pour ce faire, l’Algérie userait, toujours selon M. Hakkar, de Medgaz, un autre gazoduc à travers lequel l’Espagne reçoit le gaz algérien mais sans toutefois passer par le territoire marocain -l’entrée en fonction de Medgaz date de mars 2011-, de même que pourrait être utilisée la technologie de la liquéfaction de gaz, dont pour rappel la France avait doté au milieu des années 1960 la voisine de l’Est afin de continuer de s’approvisionner auprès de son ancienne colonie -les travaux avaient alors été effectuée par la compagnie française Technip.

On imagine toutefois mal ceci suffire à l’Espagne, sachant qu’un cinquième du gaz que lui vend l’Algérie passe par Maghreb-Europe. Il se dit d’ailleurs, dans les cercles autorisés, que la voisine du nord ferait actuellement le forcing pour que le contrat relatif au gazoduc soit le plus vite renouvelé, de sorte qu’elle ait une visibilité et sache à quoi s’en tenir.

Vague de froid
Rappelons aussi que des inimitiés étaient apparues au début de l’année 2021, au moment où la péninsule Ibérique avait eu à faire face à une vague de froid, après que l’Algérie ait préféré vendre son gaz à des intermédiaires asiatiques qui lui proposaient des prix plus élevés au lieu de respecter ses engagements avec l’Espagne, qui avait dû piocher dans ses réserves non sans répercuter cela sur les factures des citoyens.

Pour sa part, le Maroc n’en sort dans aucun scénario perdant. Si le renouvellement du gazoduc aboutit, il continuerait à être rétribué -un demi-milliard de dirhams de redevance par an, environ-, tout en continuant à s’alimenter en gaz. Dans le cas contraire, un travail est quoi qu’il en soit mené depuis plusieurs années pour diversifier les sources d’approvisionnement, avec notamment les États-Unis, dont l’ancien administrateur de l’Agence de protection environnemental (EPA) Scott Pruitt avait dans cet objectif précis visité le Royaume en décembre 2017, mais aussi des pays africains, à commencer par le Nigéria depuis la visite royale de décembre 2016. Avec ce dernier pays, un gazoduc transitant par l’ensemble de l’Afrique de l’Ouest doit même incessamment voir le jour.

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