Les mafias de sable détruisent l'environnement marocain

UN RAPPORT ONUSIEN SONNE L'ALARME

Plus de 10 millions de mètres cubes de sable utilisé chaque année dans les constructions sont issus de l’extraction illégale. Un drame écologique aux conséquences catastrophiques.

Voilà une triste réalité écologique bien connue dans notre pays mais qui vient d’être révélée au grand jour par un rapport réalisé par le programme des Nations unies pour l’environnement (ONU Environnement). Un rapport accablant qui fait état d’un pillage systématique et considérable du sable marocain dans les zones côtières. L’ONU parle carrément de mafias de sable qui utilisent tous les moyens en leur possession pour procéder à l’extraction illégale de cette matière précieuse pour les chantiers de construction. Plus de la moitié de la quantité de sable utilisée chaque année dans les chantiers, soit un volume important de 10 millions de mètres cubes, est issue de l’extraction illégale. Un crime odieux contre la nature qui a provoqué la disparition de nombreuses plages.

Une d’entre elles, située entre Safi et Essaouira, qui était l’une des plus courues par les vacanciers marocains et étrangers, est devenue un triste paysage rocailleux. Le rapport de l’ONU cite également le cas de la ville d’Asilah, qui subit une grave érosion de ses côtes en raison de réglementations et de pressions liées au tourisme. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le sable illégal est majoritairement utilisé dans la construction d’hôtels, de routes et d’autres infrastructures liées au tourisme. D’un côté, on fait disparaître les plages en pillant le sable, de l’autre on construit les hôtels pour abriter les vacanciers qui ne profiteront pas de ces plages.

Or, on se pose toujours la question pourquoi notre tourisme ne marche pas, pourquoi il n’attire pas autant de touristes étrangers comme c’est le cas dans d’autres pays voisins comme en Tunisie? La mauvaise qualité des plages ou leur tendance vers la disparition peut compter parmi les raisons de cette faible attractivité du tourisme national. On ne compte pas non plus le manque à gagner pour l’Etat et pour les collectivités locales.

Des concessions à vie
Un manque considéré comme important puisque les taxes inhérentes aux opérations d’exploitation ne sont tout simplement pas payées. Les mafias de sable agissent normalement sur la base de concessions accordées par le ministère de l’Équipement. Lesquelles concessions sont gérées dans le cadre du décret adopté par le gouvernement, le 23 novembre 2017, qui a tenté d’interdire l’extraction du sable dans les dunes maritimes, au risque de courir une peine de 5 ans de prison.

Mais, d’après de nombreuses sources, cette loi est restée lettre morte sur le terrain de l’application. Souvent accordées à des personnalités de haut rang, dans l’armée ou en politique, les concessions pour l’exploitation des carrières de sables portent habituellement sur des longues périodes qui vont de 30 à 90 ans. Des licences presque à vie qui mènent à une destruction silencieuse de notre écosystème. Le signal d’alarme lancé par l’ONU est venu éveiller un peu les consciences sur l’existence de ces concessions tenues dans la plupart des cas par des mafias qui ne pensent qu’à s’enrichir au détriment de l’écologie et de l’équilibre naturel du pays.

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