Édito de Marouane Kabbaj : Macron Lagaffe


Les fausses notes d’Emmanuel Macron se suivent même si elles ne se ressemblent pas. Si les relations entre Paris et Rabat sont dans une impasse qui s’installe dans le temps, le locataire de l’Élysée en demeure le responsable, le seul.

La tragédie d’Al-Haouz dont le Maroc panse encore les plaies a davantage rappelé les vraies raisons de la relation tendue entre notre pays et la France depuis cinq ans. Entre nos deux nations, il n’est, en vérité, qu’un seul problème, ou plutôt qu’un seul homme, à savoir Emmanuel Macron. 

Même après l’explication claire des autorités marocaines sur les propositions d’aides internationales, le président français a continué de ressasser le refrain de la disposition de son pays à apporter son soutien au Maroc. Un “monologue de sourd” dans lequel, depuis sa participation au G20 à New Delhi jusqu’à son retour en France, il a semblé se plaire et qui, par effet d’entraînement inéluctable, a fini par provoquer une véritable cabale de la part des médias hexagonaux à l’encontre du Royaume. Nos autorités, répétait-on à longueur de journée et de plateaux télé, étaient prêtes à laisser mourir des milliers de citoyens rien que pour ne pas accepter la soi-disant aide française en attente. En somme, c’est d’une façon aussi déplacée qu’indigne que nos confrères de l’ancienne puissance coloniale se sont livrés à l’exercice du traitement du séisme que nous avons subi. Et après quelques jours, M. Macron avait, vraisemblablement, lui-même fini par comprendre qu’il avait quelque chose à se reprocher.

C’est, en tout cas, pour se racheter apparemment qu’il semble avoir pris l’initiative de diffuser dans la journée du 12 septembre 2023 sa désormais fameuse vidéo sur X (ex-Twitter) où il s’adresse directement aux Marocaines et aux Marocains. Mais si l’art y était peut-être, la manière ne l’a, elle, été aucunement.


Dans une audace de bien mauvais aloi et un parfait dédain des traditions diplomatiques mondialement reconnus, M. Macron s’est hasardé à des annonces concernant le Maroc sans faire le moindre cas des institutions du pays, à leur tête l’institution monarchique. Ce faisant, il a pris le monde entier à témoin de ses frivolités. Jamais on n’avait vu un président de la République française agir de la sorte. Par conséquent, on est bien en droit de ne pas être surpris que depuis son arrivée au pouvoir, les relations entre le Maroc et la France connaissent un froid si inédit, même du temps du général de Gaulle ou du leader socialiste François Mitterrand. 

On le connaît, certes, désormais, M. Macron. Afin d’inspirer confiance et crédibilité en vue de gagner la sympathie de son auditoire, il prend bien soin de chercher à créer une image idéale de lui-même. Mais hélas pour lui, cela ne lui réussit pas. En fin de compte, que de «répétitions», et encore plus de maladresses. Il faut dire aussi que son expérience politique est faible. Cet ancien banquier d’affaires est entré en politique en 2012 comme conseiller du président François Hollande. Puis, après moins de deux ans au ministère de l’Économie (2014-2016), il a cru avoir tiré un enseignement majeur: le «dysfonctionnement» du système politique français. Mais on le voit aujourd’hui, ce système a fini par devenir, avec lui, bien plus dysfonctionnel qu’il ait pu l’être. Et l’état des relations maroco-française en est sans doute une des plus parfaites illustrations. A cause de sa politique algérophile, le Maroc n’est plus ce partenaire et allié de premier rang de la France qu’il était d’antan. Un constat d’échec qui peut, par ailleurs, être généralisé à toute l’Afrique. C’est sous sa présidence que la France a, ainsi, perdu pied dans le continent, son “pré carré” historique. Et on passera, enfin, sur les déboires de M. Macron dans la guerre russo-ukrainienne, entre autres.

Chaque fois qu’il a pensé qu’il était en mesure d’apaiser les choses, M. Macron les a, au vrai, attisé de façon systématique. Et c’est aussi parce qu’il a tendance à balayer les vrais points d’achoppement sous le tapis. 

Au moment où les États-Unis, l’Espagne et l’Allemagne ont reconnu la marocanité du Sahara, lui est resté figé sur la position de son pays concernant ce dossier. En plus, c’est un secret de polichinelle que M. Macron ou, du moins, son entourage -par le biais de son ancien conseiller, Stéphane Séjourné- ont trempé dans les tentatives d’incriminations du Maroc dans le scandale de l’espionnage téléphonique au moyen du logiciel Pegasus; comme aussi, en outre, dans l’affaire dite du “MarocGate”, ou encore de la résolution du Parlement européen sur la liberté d’expression et des médias au Maroc qui s’en est suivie. A chaque fois, il a soufflé le chaud et le froid, en provoquant, sous quelque forme que ce soit, un séisme diplomatique, avant d’appeler à la rescousse son ministre des Affaires étrangères pour jouer le rôle de pompier de dernière minute, souvent dans la confusion et le désarroi. Ce qui fait que même si elles ne se ressemblent pas, les fausses notes de M. Macron se suivent toutes. Si les relations entre Paris et Rabat sont dans une impasse qui s’installe dans le temps, le locataire de l’Élysée en demeure, au risque de le répéter comme le principal concerné semble en avoir coutume, le responsable, le seul.

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