L'UA pourra-t-elle se libérer de l'emprise Algéro-Sud africaine?

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Quand le ridicule ne tue plus...


Le chemin du retour à l’Union  africaine (UA) a été tellement  long et pénible que l’on se demande,  avec étonnement, où  sont passés les contradicteurs du  plein droit du Maroc à des frontières  reconnues et sécurisées. Ils avaient  l’air d’être “sous la table”, comme dirait  le troubadour. C’est évidemment  des gouvernants algériens qu’il s’agit.  Durant tout le temps de cette séparation  entre le Maroc et l’UA, Alger a tout  fait pour que les retrouvailles n’aient  jamais lieu. Il a bien eu lieu ce retour  à Addis Abeba lors du 28ème sommet  de l’Union africaine, tenu les 30 et 31  janvier 2017.

Examen politique
Comme on pouvait s’y attendre, tout  le dispositif diplomatique algérien a  été mobilisé pour installer un blocus  infranchissable. Et tous les moyens  étaient bons pour y parvenir.
Plus l’échéance de ce sommet africain  approchait et plus le désarroi des  officiels et des médias algériens était  perceptible. On a d’abord essayé de retarder l’examen de la demande marocaine,  faute de pouvoir la considérer  comme nulle et non avenue. Pour  Ramtane Lamamra, ministre des Affaires  étrangères algérien, le Maroc  devait passer par un examen politique,  sous le forme d’un grand oral, avant de  statuer sur la recevabilité ou pas de la  requête marocaine.

Derrière la haine anti-marocaine que  Lamamra ne pouvait contenir, c’est  une expression de malaise et d’amertume  qui suintait des propos des préposés  algériens au dossier du Sahara  marocain. Il faut croire que Lamamra  n’avait plus que ce sommet et le retour  du Maroc à l’UA sur son agenda ministériel.

Évidemment que la question de “l’intangibilité  des frontières héritées de la  colonisation” a été, une fois de plus,  sortie du chapeau. L’application littérale  de cet axiome hyper ambigu,  soutenu par Lamamra, reviendrait à  demander à l’Espagne de maintenir sa  coupe coloniale sur le Sahara pour que  celui-ci ne redevienne pas marocain,  sa patrie d’origine. Totalement absurde.  De même qu’au nom du même  principe, on aurait quelques difficultés  à récupérer les villes marocaines de  Sebta et Mellilia, toujours occupées  par l’Espagne. L’Algérie s’y opposerait  au profit d’un projet de deux États microcosmiques  sur ces deux présides.

D’ailleurs, lors de l’épisode de l’Îlot  Leila, en juillet 2002, au large du Maroc,  également sous occupation espagnole,  l’Algérie avait pris position  contre le Maroc et en faveur du pays  colonisateur. Proprement étonnant de  la part d’une Algérie qui a connu les  affres de la colonisation pendant 132  ans et les tragédies d’une guerre de  libération d’un million de morts. Avec  ou sans Lamamra, c’est malheureusement  la continuité d’un État algérien  maladivement marocophobe qui  prime.

Retour inéluctable
Au fait, plus que le retour inéluctable  du Maroc à l’UA, c’est l’approche marocaine  qui a fait perdre son contrôle  à la nomenklatura militaro-civile de  l’establishment algérien. Comme quoi,  cette réintégration du Maroc à l’UA ne  peut être réduite à une opération de  vote. Elle est le produit d’une série de  partenariats multiformes aux intérêts  mutuels bien compris.

Cette démarche, qui a reçu l’adhésion  pleine et entière de nombreux pays  africains, devait de facto reléguer au  second plan l’Algérie et ses délires hégémoniques.  On a ainsi assisté à deux  offres: celle d’un pays qui ne produit  rien et qui n’a rien d’autre à exporter  que des hydrocarbures qui sont plutôt  le produit du sous-sol (98% des exportations et 60% des recettes de  l’État). L’autre offre est celle d’un Maroc,  n’ayant pas de source d’énergie  fossile, qui produit tout et met à la  disposition de ses partenaires son  schéma de développement, son savoir-  faire et sa capacité à pallier ses  déficits, y compris en matière énergétique.

Soutien acheté
Il est de notoriété publique que l’Algérie  n’a plus les moyens d’acheter le  soutien de pays africains à sa campagne  acharnée contre le Maroc. À  court d’idées de rechange, l’Algérie  propose d’aider les pays sahelo-sahariens  à lutter contre le terrorisme.  Cela fait piaffer de rire les chameaux  de Niamey et autres ruminants de Bamako  et de Nouakchott. Car la plupart  des groupes terroristes qui infestent  cette région ont des accointances et  des complicités sur le territoire algérien,  à commencer par Tindouf, là où  le Polisario retient contre leur gré des  réfugiés sahraouis. Apparemment,  chez nos voisins de l’Est, le ridicule ne  tue plus.

Blague algérienne
Pour rester dans le même registre, le  sommet de l’UA a été le théâtre d’un  autre ridicule. Abdelaziz Bouteflika  a été élu vice-président de l’UA. Ce  n’est pas une blague comme chacun  sait, ce président assis n’a plus la  capacité de se déplacer que par son  fauteuil roulant, depuis l’été 2013.  Victime d’un accident vasculaire cérébral  (AVC), il ne dispose plus que d’un  pourcentage réduit de son usage de la  parole. L’image régulièrement diffusée  est celle d’un Bouteflika empoignant  une tasse de café qui n’arrive jamais à  la bouche. Ce qui ne l’a pas empêché  de se représenter aux élections présidentielles  de 2014, après avoir amendé  la constitution pour faire bien plus  que deux mandats. C’est ce président,  énormément diminué, qui a été porté à  la vice-présidence de l’UA.

À ce niveau, le rubicon du ridicule  saute pour laisser place à un drame  humain ainsi exposé à tous les regards.  L’UA, longtemps instrumentalisée  par le tandem algéro-libyen,  méritait mieux. Toujours est-il que la  retenue inhabituelle d’une presse algérienne  qui fait profil bas, cache mal  la nervosité des officiels d’Alger.

Le camouflet que constitue le retour  du Maroc à l’UA est réel. La même  presse, certainement à bout d’arguments,  a tout de même accusé le Maroc  de chercher “à neutraliser” l’organisation  panafricaine, avant de la  “dynamiter”. Une tonalité qui sonne  faux et que le Maroc s’emploiera à  rendre encore plus inaudible.

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