Abdelkader Retnani, directeur de la maison d’édition La Croisée des Chemins, sait parler des livres. Mais il aime surtout parler des livres qui retrace la vie, les mésaventures, les bonheurs et les malheurs des gens. Il a eu à en faire preuve à l’occasion de la parution de l’ouvrage collectif «Ce qui nous somme», édité à la suite des attentats de Paris de janvier 2015 et il le fait avec une fierté non dissimulée depuis le 16 juin 2016, jour de la présentation du livre «Un si long chemin, paroles de réfugiés», de Jalil Bennani. Une beau livre illustré par des photos d’immigrés réalisées par Mohammed Kilito et qui donne la parole à une trentaine de réfugiés subsahariens et syriens installés au Maroc, la plupart à cause des guerres et des crises qui déchirent leurs pays.
Edité par La Croisée des Chemins, en collaboration avec le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le ministère chargé des MRE, celui de la Culture et le Conseil national des droits de l’Homme, ce «beau livre», comme le décrit M. Retnani, est surtout un hommage au Maroc, terre d’accueil et aux Marocains, qui quoi qu’on en dise, reste ouvert et hospitalier. Un témoignage d’un immigré subsaharien qui avait choisi l’Algérie, «pays socialiste et égalitaire pour s’y installer, d’après lui, avait vite fait de déchanter et reprendre le chemin inverse vers les pays du Sahel avant de remonter vers le Nord pour reprendre goût à la vie au Maroc», raconte M. Retnani. Le témoignage de ce jeune qui remercie le Maroc figure dans ce livre publié à l’occasion de la journée mondiale du réfugié, célébrée le 20 juin de chaque année.
Lourdes épreuves
En fait, Jalil Bennani dresse le portrait de 30 réfugiés exilés au Maroc, 20 hommes et 10 femmes originaires de 16 pays ou régions: Afghanistan, Burundi, Cameroun, Centrafrique, Chine, Congo, Côte d’Ivoire, Érythrée, Irak, Liberia, Mali, Palestine, Soudan, Syrie, Tchad, Yémen. Ils résident un peu partout au Maroc, à Rabat, Casablanca, Kénitra, Marrakech, Azrou… Les entretiens qui composent cet ouvrage ont été réalisés entre septembre 2015 et mars 2016. Lors d’une cérémonie de présentation de l’ouvrage, organisée à Casablanca le 16 juin 2016, l’auteur, Jalil Bennani, psychanalyste de son état, a déclaré s’être «interdit toute interprétation des confessions des interlocuteurs, laissant les réponses parler d’elles-mêmes… Le lecteur est libre d’interpréter ce que les réfugiés ont à exprimer sur leur rapport au Maroc, à la langue et à l’intégration».
Pour lui, «les portraits montrent des hommes et des femmes dignes, courageux, forçant le respect par leurs capacités à surmonter de très lourdes épreuves et à s’intégrer. Le Maroc a une longue tradition d’hospitalité et de pluralité culturelle, mais aujourd’hui ces questions se posent avec une acuité toute particulière. Les réfugiés nous poussent à repenser notre conception de l’accueil, notre interculturalité, notre ouverture sur le monde».
L’ouvrage inclut des contributions écrites d’Anis Birrou, ministre chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration, de Driss El Yazami, président du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), et de Jean-Paul Cavaliéri, représentant du HCR au Maroc et initiateur du projet du livre. E t comme l’a si bien dit le directeur de la maison d’édition «La croisée des chemins», Abdelkader Retnani, cet ouvrage sera un «véritable ambassadeur du Maroc à l’étranger»