Mouna Hachim, fondatrice et administratrice de la page Facebook “Save Casablanca”, a publié un document de plus de 200 pages qui regroupe de nombreux témoignages formulés par les membres sur la gestion de la ville durant les sept dernières années. Objectif, pousser les autorités à prendre à bras le corps leurs préoccupations.
Le livre noir de la ville blanche. C’est ce titre antinomique qu’a choisi Mouna Hachim pour mettre en exergue les problèmes majeurs constatés dans la gestion de la ville de Casablanca. Dans ce document, l’administratrice de la page Facebook «Save Casablanca» récapitule plusieurs commentaires et témoignages des membres, depuis la création de la plateforme en 2013. «Je travaille sur ce projet depuis le 9 janvier 2021. J’ai fait des communications sur mes pages personnelles sur les réseaux sociaux pour en faire du travail de groupe», nous confie -t-elle.
En l’absence de réactions, cette écrivaine décide de prendre la plume digitale pour compiler les différentes publications de ces internautes qui pointent du doigt les chantiers interminables, la détérioration des trottoirs, chaussées et nids-de-poules, l’assainissement liquide, les problèmes d’éclairage et le calvaire des transports publics, les factures exorbitantes et poteaux électriques chancelants, l’état du patrimoine, la gestion des déchets notamment à la décharge de la Médiouna, les espaces verts menacés, l’incivisme, les problèmes de gardiennage, les stationnements sauvages, l’occupation illégale et anarchique de l’espace public, l’insécurité, etc. Ces témoignages en arabe, français et darija sont illustrés par des photos pour donner une meilleure visibilité à ces dysfonctionnements «qui empiètent sur la qualité de vie et le bien-être des Casablancais». Bref, s’exclame-t-elle, «Casablanca devient de plus en plus invivable!».
Des dysfonctionnements à la pelle
Comme pour confirmer l’ampleur de ces défaillances, elle cite d’emblée un extrait du discours prononcé par le Roi Mohammed VI en 2013 au parlement, où le Souverain dénonçait justement le déficit de gouvernance dans la métropole. «Au début de prévoyais de rédiger un document de 50-60 pages. J’ai décidé de revoir la pagination à la hausse vu l’ampleur de la thématique. Les dernières inondations de janvier 2021 ont été un déclic. On avait constaté l’ampleur des dégâts au niveau de la chaussée, les problèmes d’assainissement et surtout l’absence de communication des gestionnaires de la ville qui peut être assimilée à un mépris envers les citoyens», explique-telle.
Cette publication intervient à quasiment trois mois des élections municipales. Une coincidence qui pourrait être interprétée autrement. Mais l’auteure se veut claire. «Nous sommes un groupe apolitique et évitons de publier les propagandes politiques. C’est une initiative citoyenne qui est en dehors de toute considération partisane ou politique et qui vise à pousser les autorités à prendre à bras le corps les problèmes de Casablanca pour la sortir de ce marasme insupportable».
D’ailleurs, Mouna n’envisage pas de soumettre ce document aux élus locaux, car, selon elle, «Ce document circule énormément sur les réseaux sociaux, notamment sur notre page Facebook, qui est suivie par 266.000 personnes et dans les médias marocains. Il y a donc de fortes chances qu’ils puissent y accéder. Ils doivent aller chercher l’information auprès des populations et satisfaire leurs doléances». Les concernés apprécieront.